Reprendre l’avantage

Les plumes de l'été

Les plumes de l’été

 


Les plumes de l’été 21 – Collecte des mots en U
 avec 20 (ou plus) mots proposés par les participants au jeu organisé par Asphodèle : utopique – unique – us – ubiquité – ustensile – urgent – usufruit – universel – utile – usuel – usine – usurper – ultimatum – uppercut – utérus – urbain – usé – union – utopie – uchronie.

Mot de l’organisatrice (Asphodèle) : « Cependant, comme je suis gentille (oui ça m’arrive !), Bettina m’ayant laissé le choix entre deux mots, “univers” et “utérus”, pour ne pas faire “lourd” avec universel, j’ai choisi utérus ! Mais…vous pourrez le supprimer et le remplacer par “univers” si vous préférez (ceux qui ont eu peur lèvent le doigt !). C’était ma bonne action de l’été, n’y revenez plus ! Par ailleurs nous avons 20 mots (même si là aussi utopique et utopie, hein, bon…), donc vous pouvez en laisser UN (un seul) de côté ! Vous avez le choix entre la peste et le choléra ! »

Les autres textes, ICI.

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

Face au danger de nouveau tout proche, Wens tente une sortie..

 

Il serait utopique de croire que nos inlassables poursuivants finiront par lâcher le morceau.

Si … seulement je ne m’étais pas mis dans une telle histoire !
Si … je n’avais pas accepté de prendre en charge ces premiers ’investissements‘ douteux…
Si … je m’étais abstenu d’usurper les us et coutumes du système.
Si … je ne mettais pas mis en tête de moi-même profiter de l’usufruit de tout cet argent sale

‘Bien mal acquis‘, ne m’a jamais profité, donnant ainsi raison au vieil adage que ma mère nous martelait si souvent. Guerrière moderne, accaparée par un emploi harassant à l’usine de traitement des eaux usées du quartier nord de Marseille, omniprésente sur tous les champs de bataille de la Vie urbaine que lui imposait la survie d‘une famille de cinq enfants, elle dut se résoudre à céder peu à peu du terrain ne parvenant plus à me préserver de mon penchant déviant pour l’argent facile.

Tétanisé par les afflux d’adrénaline incessants de ces dernières journées, vidé de tout espoir, je suis de nouveau en train de ressasser les extravagances de mon utopie financière déchue. Faire en ces instants désespérés l’uchronie de cette folle mésaventure n’a certes vraiment rien d’urgent ou d’utile, mais je ne contrôle plus mes réactions ni mes pensées. Je recherche en l’horizon un espoir… et il me vient de la réaction provoquée chez la partie adverse. Tout d’abord menaçants, nos dangereux assaillants sont désormais sur la défensive. Pour aucun des deux camps ma perte n’est envisageable, ma mort provoquerait l‘échec total et irrévocable de leur mission respective : me ramener vivant coûte que coûte. Je peux sentir leur frustration croître.

L’ultimatum de Wens a fait son effet. Le speed boat s’écarte lentement, Wens me bloque contre sa poitrine, et pointe impitoyablement ma tempe. Je sens l’acier brûlant de l’ustensile du tueur me coller la peau et dessiner le contour d’un hypothétique futur trou sur le côté de mon front. Nous nous déplaçons dans un improbable pas de deux, côte à côte, mouvement dans l’union temporaire du preneur d‘otage et de sa victime. D’un geste unique et rapide, il lance le moteur tout en me resserrant encore un peu plus avec l’autre bras. Notre rafiot glougloute dans sa lente progression.

Une fois à leur niveau, Wens enchaine deux tirs dans les moteurs à l’arrière du speed boat desquels s’échappe immédiatement une fumée noire et épaisse provoquant une réaction de panique chez les deux gardes du corps. Rocio, elle, n’a pas sourcillé, elle s’y attendait. Neutraliser l’ennemi, quelqu’en soit le prix, est le comportement universel et usuel chez les tueurs de grande classe. Impuissante, elle nous fusille du regard  et nous adresse un véritable uppercut visuel de ses profonds yeux noirs, d‘une telle violence qu’elle ne peut contenir un frémissement la secouant entièrement jusqu’au plus profond d’elle-même, utérus inclus. Léger rictus de satisfaction sur les lèvres, Wens sait que nous venons de marquer un point très important dans cette course poursuite. Malgré l’extraordinaire don d’ubiquité que semble développer la féline cubaine, nous allons pouvoir prendre un peu d’avance et cette fois, de peut-être complètement nous défaire de l’étreinte acérée de ces rapaces. Il se contente de les tenir en respect jusqu‘à ce que le nuage obscur qui se propage masque notre nouvelle fuite.

Non sans une certaine appréhension, j’observe Wens accaparé par ces pensées. Ses gestes sont rapides, précis. Enfin, maintenant un cap qu’il semble enfin lui convenir, il essuie le canon du pistolet qu’à peine quelques instants auparavant j’avais engouffré au fond ma gorge(*). Il m’adresse ces quelques mots :

« Tu voulais mourir ? Ok… mais faisons-le à ma manière… »

 

Coincoins au but

(*) voir épisode précédent

La suite, ici -> À venir

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

Les plumes de l’année 13 – les mots en M

 

Ceci est ma contribution aux plumes de l’année numéro 13 (avec des mots en M). Mon point de départ à cette histoire inspirée en (petite) partie de la réalité a été un article dernièrement publié ici même.

Voici la liste définitive des 17 mots commençant par M qu’il me fallait placer dans mon texte de samedi matin : matin – mélancolie – mariage – moulin – mausolée – minuscule – marmelade – mauve – mouchoir – mimétisme – miniature – merveilleux – méandre – murmures  – martingale – mélange – misérable.

(A savoir que les verbes donnés à l’infinitif peuvent se conjuguer, qu’un substantif au singulier peut se mettre au pluriel ou vice-versa !)

Edit du 7/01/2012 – 10h30 : ici, les différents textes produits ! BonneS lectureS !

 

 

Espoir

Espoir

 

« No sugar.. no milk… just your smile to make it sweet ! » (*)

(*) "Ni sucre ni lait... juste votre sourire pour le sucrer"

Moi, rougissant, souriant, stupéfait… A mon insu, les mots se sont glissés hors de mes pensées. Elle me rend mon sourire (que je sens pourtant niais) en me tendant mon café. Elle retourne à son occupation d’avant mon apparition, la « san phra phum », maison miniature traditionnelle thaï est désormais presque complètement débarrassée des stigmates de l’orage de cette nuit. Ici, ces petites reproductions fidèles sont le complément indispensable de chaque habitation. Destinée aux offrandes quotidiennes, elles abritent les pra phum (seigneurs des lieux) qui éloignent les mauvais esprits. Elevée du sol par un gros pilier central, celle-ci est particulièrement difficile d’accès. Sur la pointe de ses petits pieds nus, Joei inspecte consciencieusement la maquette. Une à une, les figurines renversées sont redressées. Certaines d’entre elles sont typiques, d’autres ont une origine bien moins proche. Offert par un hypothétique client de ce « guesthouse » (pension familiale), un petit moulin arborant la mention « Kinderdijk » a une de ses ailes mal en point. Par des gestes doux et précis, mon hôtesse la redresse et la refixe à l’aide d’un minuscule bout de ferraille. Satisfaite, elle le replace. Immédiatement, les toiles à petits carreaux bleu et blanc, certainement découpées dans un vieux mouchoir, se tendent et se meuvent. Le mariage improbable de tous ces objets compose une scène qui me rappelle les brocantes que j’affectionne tant. Elle se recule lentement, la tâche semble achevée. Elle me rejoint sur la petit banquette en osier. Cela me tire de ma torpeur et me ramène à la réalité de ma situation embarrassante.

« No sugar.. no milk… just your smile to make it sweet ! ». Comment ai-je pu laisser échapper cette phrase ? Je suis surpris. Je rougis à nouveau et quand elle s’en aperçoit, son sourire (qui ne l’a pas quitté une seule seconde) s’élargit encore. Rassuré de ne pas être perçu trop cavalier, je me réjouis de cette martingale improvisée qui m’a permis au final de libérer mes sentiments enfermés. La mélancolie qui me ligotait l’âme encore ce matin vient de voler en éclat. Désormais, c’est le battement de mon coeur au galop qui rythme le fil de mes pensées. Je détourne doucement mes yeux, je sens qu’ils deviennent trop insistants. Mes mains tremblent légèrement, imperceptiblement, du moins je l’espère. Elle est ravissante, troublante. Imperturbable, ses yeux noirs et profonds cherchent désormais les miens. Ils se rencontrent à nouveau. La légèreté de cette merveilleuse sensation de douceur partagée me berce, me calme. Dans le silence et la fraîcheur du petit matin, nous sommes là, côte à côte, sous le auvent principal de la grande demeure. Malgré les gros nuages annonçant d’autres pluies déferlantes, je suis maintenant encore plus impatient d’en finir avec mon petit déjeuner. En étalant ma marmelade, je révise mentalement le programme de la journée : gravir le pic voisin qui depuis mon arrivée me nargue et visiter les pagodes d’un roi et d’une reine jusque là totalement inconnus pour moi. Je meurs d’envie de lui proposer de m’accompagner. Je sais que c’est une curieuse invitation que celle de proposer de visiter cette sorte de mausolée mais aucune autre idée ne me vient.

Maintenant, je cherche les mots qui vont suivre. Je me fouille. Je lance une traque dans les méandres de ma mémoire. Comment agir ? Le faut-il d’ailleurs ? C’est la confusion totale.Tout se mélange. Je suis là, au bout du monde, en pleine nature, à quelques kilomètres à peine du plus haut sommet de la Thaïlande, le Doi Inthanon. Le parc national environnant recouvre toute la montagne. Les murmures de cette impressionnante forêt se font plus présents, comme encouragés par la clarté naissante. La surenchère des couleurs de l’envahissante végétation efface peu à peu le ton mauve de l’aube. S’emmitouflant dans une légère brume, tel un mirage, la nature, insatiable, reprend sa vie. Cette scène improbable pour un occidental comme moi ôte toute vraisemblance à cette jungle.

Tantôt considéré comme un intermittent de l’amour, tantôt comme un soliste épanoui, là encore, je ne sais plus sur quel pied danser. Bientôt, il me faudra retourner d’où je viens, me ramenant ainsi à ma misérable solitude. Plus que quelques jours et il me faudra rentrer chez moi, loin d’ici, rejoindre mon minuscule 30 m2. Dans un mimétisme parfait, je partagerai à nouveau ce quotidien fade et aliénant de mes semblables urbains de la grande métropole. Peur du vide ? Révolte de mon inconscient jusqu’à alors muet ? Mon être passe en pilote automatique. L’air emplit de nouveau mes poumons. Mécanique, ma respiration me redonne un semblant d’allant. A nouveau, les mots jaillissent par surprise mais cette fois, mon sourire s’est évanoui. Le tambour qui remplace mon coeur cogne si fort que je ne m’entends pas. Ma bouche cesse d’articuler. Je crois que j’ai fini de parler. J’attends. Le temps est suspendu dans une seconde à l’allure éternelle. Elle ne m’a pas quitté des yeux. Sans hésitation, elle me répond. Le reste n’a plus d’importance.

Elle accepte.

 

Coincoins que j’M

 
 

Ce texte n’est pas libre de droits. La photo non plus