Faire une croix sur ses projets

 

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 71 avec 19 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

girouette – ennuyer – s’escamper – manoir – hiver – enluminure – canicule – pugilat – clochette – abeille – palmier – persévérant – zinc – champs – essoufflé – musicien – glace – grivoiserie – étang

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

Séquestré contre son gré, la nuit se déroule comme un rêve éveillé aux teintes cauchemardesques … ou peut-être l’inverse… Nathan perd le peu de repères qui lui restaient et se trouve confronté à une menace qui va le contraindre à livrer ses secrets si convoités … à moins que ….

 

Entre la visite surprise de ma persévérante hôtesse et l’incroyable tintamarre des grivoiseries de quelques marins musiciens éméchés, la nuit a été longue, éreintante même. Ma dernière nuit de sommeil me semble si loin que je doute qu’elle ait existé, peut-être, était-ce l’hiver précédent…ou peut-être même celui d’avant. Je me perds. Un mugissement de tôles de zinc griffées a déchiré le silence. Nous venons de frotter notre embarcation contre, ce qui semble être, un rocher ou plus certainement un quai. Immédiatement, le son éloigné et persévérant d’une clochette me parvient annonçant l’heure du petit-déjeuner. L’obscurité torride de la nuit a été rincée recoin après recoin de la pièce par la clarté naissante de ce nouveau jour de captivité. Ma cabine-cellule reprend ses dimensions réelles, plus rien n’échappe à la lumière. Je retrouve un brin de sérénité avec soulagement. À l’extérieur, la température semble déjà atteindre de vertigineux sommets, la canicule reprend ses droits. Entre mes doigts recroquevillés, la liste de mes proches menacés n’est plus qu’une boule de papier froissée, quelques enluminures qui ornent le document sont encore lisibles. L’une d’entre elles revêt les contours d’une probable abeille, une autre, un L, s’étire de tout son long en un palmier, les traits sont noirs, mal assurés, confus, conférant à l’ensemble un rendu malsain. Quelle étrange attention que de maquiller ainsi l’intitulé de cet avis de morts.

Jour après jour, mon rêve d’absolu et de firmament s’escampe, me voilà bien ennuyé. Je m’étais imaginé profitant de la vie, l’habillant de ces nombreux atours que seul l’argent permet de lui octroyer. Fuyant la cohue et la folie humaine, je me voyais déjà, propriétaire terrien, jouissant de quelques champs, et même d’un étang, un loch comme on les appelle en Écosse, vivant dans un manoir, idéale et discrète gentilhommière pour un homme souhaitant s’effacer, pour un temps du moins, de la réalité. Mais, derrière la glace du miroir de mon imagination, la menace fendille inexorablement toute aspiration à un meilleur dessein. Ma quête s’est transformée en un pugilat impitoyable dans lequel je laisse peu à peu toutes mes forces et toutes résistances. Ils sont en train de me briser à la guise du souffle tantôt brûlant tantôt glacé de cette détention qui affole la girouette de ma vie. D’abord essoufflé, je me sens aujourd’hui dévitalisé, déraciné, esseulé. Je suis littéralement devenu un mort vivant, à bout de forces.

Derrière la porte, un craquement. On joue avec la poignée. Elle résiste. Pression sur la porte qui semble ployer… Elle résiste encore. Un visage apparaît entre les barreaux. Je le distingue à peine mais le regard perçant reconnaissable entre mille ne me laisse aucun doute quant à l’identité de ce nouveau visiteur et semble m’annoncer :

« Wens est de retour dans la danse… et crois-moi fiston, ça va rock’n’roller ! ».

 

Petits pas de coincoins

 La suite, ici : Quitter le navire

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

Sans concession

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 70 avec 22 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

coffret – sexualité – moutarde – carrière – punaise – rôle – va-nu-pieds – invisible – irréel – présence – espion – élégance – prédateur – malfrat – vermillon – quelconque – boum – sucer – sittelle (torchepot) – zythum – mirabelle – brevet

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

La chaleur est montée subitement dans la cabine-prison… Une issue se dessine t-elle ?

 

Décompter les jours écoulés m’est devenu impossible. Le temps s’est arrêté depuis le jour où cette course infernale a débuté. La violence et la férocité de mes chasseurs me laissent le goût amer d’une nuit de cauchemars dont l’issue semble se refermer et devenir fatale. Telle la sitelle, qui une fois à l’abri du trou qu’elle a choisi, enduit de résine l’entrée de son nid pour éloigner les prédateurs, je voulais réduire au maximum les risques énormes encourus à m’installer dans de telles activités. Il n’existe pas de brevet certifiant que vous êtes un expert en la matière, mais mes coups d’éclats passés avaient été suffisamment brillants pour confirmer mes compétences. Ne résistant pas longtemps aux perspectives alléchantes, j’avais alors tenté de diversifier les investissements de mes fortunés clients, dans le domaine alimentaire, en plein boum ces dernières années. Cela était censé constituer un écran de fumée suffisant pour ne pas éveiller les soupçons et me permettre de blanchir de grandes quantités d’argent sale. Malheureusement, les quelques miettes placées auprès des moutardes Amoro, des producteurs de bières anciennes telles que le Zythum ou la Cervoise (*), ou encore des coopératives lorraines des amis de la mirabelle ont fini par attirer l’attention puis les convoitises. L’empressement de mes commanditaires, et donc, le manque de temps m’ont contraint à démultiplier de façon aberrante les rendements qu’elles généraient. Les espions infiltrés m’ont alors rapidement retrouvés et se sont intéressés à mon évolution de carrière fulgurante et peu discrète. Encerclés par les malfrats et leur cheftaine cubaine aux chaussures vermillons, je suis passé bien malgré moi et très rapidement du statut de gestionnaire de fortune quelconque à celui de « consultant-expert » très courtisé et désiré comme me l’a bien fait ressentir Rocio ma geôlière cubaine. Elle m’a murmuré presque tendrement à l’oreille, qu’elle était en train de me sucer, que cela signifiait « rosée du matin »…rosée que je pourrais peut-être bientôt ne plus connaître si je m’obstinais à me taire.

Je sens encore sa présence invisible entre ces quatre murs. Malgré l’incandescence de nos ébats à la sexualité débridée, elle avait réussi subitement à me glacer les sangs. À peine avait-on recouvré nos esprits qu’elle avait endossé à nouveau son rôle de tortionnaire. Captivant toute mon attention, et avec une élégance qui me sembla minutieuse et calculée, elle se recula lentement. Je sentais ses yeux encore embrasés me détaillaient. Son propos fût clair et concis. Elle ne comprenait pas comment je pouvais « tenir » ses patrons et voulait encore moins savoir pourquoi d’autres acteurs tentaient de me protéger. Il lui importa juste de bien préciser quel serait le programme des réjouissances pour les heures à venir. Elle ne me laissa aucune perspective d’espoir ou d’arrangement tant que je ne ferais pas preuve d’un peu plus de « bonne volonté ». Elle me parla du tourment terrible que j’allais vivre si je la contraignais, elle, de torturer et abattre les gens qui m’étaient chers. Lascivement, elle s’empara d’un petit coffret qui l’avait accompagné dans sa virée nocturne et en extirpa quelques papiers qu’elle déplia sous mes yeux. Elle m’énonça une liste impressionnante de personnes proches, tant par la quantité de noms que par la précision des informations qu’elle détenait. Elle évoqua plus particulièrement ma pauvre mère, recluse dans son petit village de la Drôme, prisonnière de son veuvage depuis de si nombreuses années. Puis, elle s’attarda sur une partie de ma famille avec moult détails. Enfin, elle devint plus évasive sur le reste de son décompte. Il me sembla qu’elle lisait tant sa diction était précise et claire, pourtant la luminosité faiblarde rendait toute lecture impossible. Elle connaissait par coeur le contenu de son document. Puis, comme on écrase une simple punaise, elle ponctua son propos en écrasant son poing sur la vieille planche pourrie qui nous servait de couche. Le bois gémit alors sous le poids de l’impact. Immédiatement, elle détendit sa musculature à peine sollicitée et se fît anormalement douce, parcourant de nouveau doucement mon torse velu de sa main douce et experte. Elle me tenait entre feu et glace, entre douceur et douleur, entre passion et raison, entre espoir et renoncement, entre homme extrêmement convoité et simple va-nu-pieds…tout proche du point de rupture, encore et toujours.

Elle resserra mes liens, s’assura de leur solidité puis m’annonça que nous étions en train de nous rapprocher de notre destination finale. Elle s’attarda étrangement sur ce dernier mot, accentuant, si cela était nécessaire, encore un peu plus la menace qui pesait sur moi. Un certain nombre de moyens techniques seraient dès lors accessibles et devraient me permettre de démontrer toute ma motivation sincère et sans réserve pour mes « nouveaux » alliés. Silencieuse, elle a rejoint la pénombre toujours présente en bout de la pièce et s’est volatilisée sans un autre bruit…m’abandonnant ainsi, piégé par l’indécision et l’affolement.

 

Coincoins contraints

 

La suite, ici : Faire une croix sur ses projets

 

(*) Zythum : bière que les anciens égyptiens faisaient avec de l’orge fermentée

Cervoise : bière consommée dans l’Antiquité et le Moyen-Âge faite avec de l’orge ou d’autres céréales

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

Nocturne tête à tête

 

 

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 69 avec 15 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

turc/turque – liste – avance – choc – minute – cancre – sexe – extrême – conscience – ruisseler – baïonnette – envol – suranné – apache – lune

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents : j’ai désormais réuni l’ensemble des épisodes dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

69ème édition et climat tropical obligent, Nathan va vivre à sa grande surprise une expérience autant enivrante qu’étonnante…

 

 « Je t’en prie… Laisse-moi faire… Tu en as vraiment besoin, je veux te soulager… ».

Je discerne à mes pieds une forme familière dans la pénombre. Je pensais que l’on avait fini par m’oublier. La sortie hors de mon corps, provoqué par les extrêmes douleurs imposées a permis l’éveil de ma conscience. L’adrénaline pure du stress, de la douleur, du choc, de la peur et de l’incertitude suscités alors m’a tenu longtemps éveillé. Abruti par la fatigue, j’avais fini par m’assoupir ne parvenant pas à terminer la liste de mes revendications. Il fait maintenant très sombre, une lugubre pâleur que je devine peinte par la lune depuis l’extérieur a envahi les lieux. Il n’y a plus aucun bruit. Pourtant, il me semble que le bateau bouge. Ce bâtiment doit être énorme, et même s’il paraît largement suranné, aucun bruit de la salle des machines ne parvient à mes oreilles.

J’ai été la tête de turc de ces brutes sans pitié ni remords, et voilà, que la pire d’entre elles se trouve là, dans le secret de cette cabine désaffectée. Une minute vient à peine de s’écouler. La forme bouge. Lentement, elle s’approche. Elle scrute du bout de ses longs doigts les contours de ma jambe blessée. Instinctivement, j’ai un mouvement de recul craignant que la main aux ongles acérés de mon ennemie ne m’enserre au niveau du tibia. Elle reste imperturbable, étonnamment douce. Les mots qu’elle m’a chuchoté m’ont laissé une agréable sensation suave et sensuelle. Dans d’autres circonstances, je l’aurais apprécié beaucoup plus. Je la devine très attentive à mes réactions, la tête légèrement penchée telle une apache l’oreille guettant un train sur des rails. Elle ne semble redouter aucun danger, ni baïonnette du soldat, ni serpent du désert. Elle s’avance ainsi féline, câline, atrocement divine. Certains de ses longs cheveux, dans leur lent envol, frôlent négligemment ma cuisse désormais. J’essaie de déglutir, et bien malgré moi j’émets un petit grognement ne parvenant pas à masquer le trouble qu’elle vient d’initier.

« Essaie de te détendre un peu. Bien qu’il soit un peu tard pour le faire, je vais te laver cette vilaine plaie avec de l’eau propre et froide. Puis je pourrais peut-être la soigner. De là où je viens, on utilise le jus de l’Aloe Vera. C’est très efficace et cela soulage presque instantanément. Si tu es sage.. ».

Elle se tait et cesse de progresser. Captivé par ses lèvres qui forment et libèrent ces mots à peine susurrés, j’ai à peine remarqué cette main qui a suivi son déplacement. Presque tendrement, celle-ci effleure mon sexe, déjà à l’étroit dans ce misérable chiffon qui me sert de pantalon. Ma respiration se fait plus saccadée au fur et à mesure que la pression de sa main se précise. Ses lèvres me renvoient un imperceptible reflet lunaire. Par un geste discret de va-et-vient, elle flatte l’importance et la spontanéité de mon membre excité. Dans la moiteur de la nuit tropicale qui s’installe, les poings liés, je me sens plus que jamais piégé, honteux… Oui, honteux d’être animé par le plus basique et le plus instinctif des réflexes primaires, je me sens comme le cancre de l’amour. Habilement, elle ne laisse pas en moi le doute s’installer, elle me saisit et entame une étourdissante manœuvre. Malgré les liens qui me gênent, elle m’invite à participer, j’embrasse cette poitrine que je devinais généreuse et que je découvre magnifiquement rebondie. Elle-même excitée, elle se cambre, elle laisse échapper un râle qui ne laisse aucun doute sur la suite de ses intentions. Je la goûte, savoureuse et parfumée, je me saoule de son sel. Dans cette chaleur torride, nos corps et nos sueurs qui commencent à ruisseler finissent par s’unir….

Très surpris par son changement radical de stratégie, en ces instants de fièvre corporelle intense, je mesure combien je suis en danger. Elle est vraiment prête à tout pour parvenir à ses fins, et me voilà, presque malgré moi, déjà bien mieux disposé pour la satisfaire !

 

 

Coincoins dressés

La suite, ici : Sans concession

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)