Quitter le navire

 

 

Les plumes de l'été

Les plumes de l’été

Les plumes de l’été 17 – Collecte des mots en Q avec 19 mots proposés par les participants au jeu organisé par Asphodèle :

quenelle – quiproquo – quolibet – quiétude – quintessence – quota – quérir – quenotte – querelle – quinoa – quilles – quintette – quartier – quintal – quinquet – quelconque – quitter – quasi – quantité

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

 

Lui-même à la dérive, Nathan était à deux doigts de sombrer dans le désespoir. À la porte de sa cellule, ce n’est pas encore le bonheur mais bien Wens qui vient « frapper »… Les motivations de ce dernier ne laissent alors aucun doute : s’échapper à tout prix…

 

 « Wens est de retour dans la danse… et crois-moi fiston, ça va rock’n’roller ! »

Aucun quiproquo possible : le regard aiguisé et revanchard de Wens perçu dès son retour en scène ne m’avait pas trompé. Les instants qui suivirent son apparition brisèrent la lugubre quiétude du petit matin. Après avoir proféré deux ou trois quolibets qui ont semblé de trop, son garde rapproché piqué au vif, avait fondu sur son détenu pour le réduire au silence. Cela avait suffi à Wens pour retourner et la situation et le pauvre bougre. Ce dernier, désarmé, la face en marmelade, la bouche désertée par toutes ses « quenottes » et le nez en miettes, pendant entre ses deux yeux comme une quelconque quenelle, n’avait été que trop soulagé d’être assommé après avoir ouvert ma porte. Depuis la neutralisation de ce garde, cela ne fut qu’un sordide enchainement de morts quasi-ininterrompu. Je n’avais jamais assisté à autant de violence en si peu de temps, dépassant largement le quota de brutalité et de sauvagerie que je me croyais alors capable de supporter. Il ne provoqua point de querelles ou d’hésitations chez l’adversaire, il ne lui en a tout simplement jamais laissé l’occasion. Une à une, le long des couloirs interminables, mal éclairés par des quinquets nus, les frêles quilles de ce jeu de bowling humain se sont abattues, ne laissant aucun doute quant au « strike » final.

J’ai ralenti conséquemment notre progression, la jambe calcinée bien tendue, évitant tout contact et m’appuyant dès que possible pour me soulager. Attentif mais loin d’être maternel, mon protecteur a maintenu la cadence, prenant tout de même le temps de souffler, profitant des différents repérages qu’il se devait d’effectuer avant de passer à l’action. L’image de l’anonyme sniper, impitoyable, distribuant la mort par balle interposée m’était alors omniprésente. Mais, pour Wens, nul besoin de quérir une arme si sophistiquée, seule la démarche fut similaire. Un pied rouillé de table, un reste de lien, la lame brisée d’un couteau, tout était à même de porter le coup de grâce souhaité. Il n’utilisa aucune balle de l’arme qu’il avait dérobée. Létal et froid, mêlant discrétion et efficacité, il a, au final, neutralisé pas moins de cinq gardes avant que nous ne prenions place dans ce petit bateau amarré à quelques mètres du gros cargo de marchandises que nous venions de quitter. Nous aurions sans doute rencontré plus de résistance que ce quintette de marins si la nuit avait été moins agitée, moins d’entre eux auraient gardé leurs quartiers ce matin. Sans compter qu’à cette heure de la journée, celle du petit déjeuner, la plupart d’entre eux  était en train de reprendre des forces au réfectoire. Maintenant, à l’air libre, face au vent, longeant discrètement la côte accidentée,  j’ai bien du mal à l’admettre mais tout à l’heure, quelques instants avant, dans la sinistre et mortelle pénombre, j’ai pris plaisir à voir mes ennemis tomber un à un. Dans leurs yeux, je n’ai pas eu le temps d’y lire la souffrance, je n’y ai vu que la surprise et le renoncement, symbolisant parfaitement la quintessence malfaisante du tueur, au sommet de son art.

Tant bien que mal, j’essaie de nous délester de la cargaison de céréales, c’est une sorte de quinoa qui m’est inconnu, et qui alourdit inutilement notre embarcation de deux ou trois quintaux. Alors qu’il ne reste plus qu’une faible quantité de sacs, coupant rapidement le contact, Wens me fait signe de m’interrompre. Derrière nous, à peine masqué par le clapotis de l’eau, un moteur se fait entendre…

Coincoins dans leurs faces

La suite, ici -> « Dans la balance »

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

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Faire une croix sur ses projets

 

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 71 avec 19 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

girouette – ennuyer – s’escamper – manoir – hiver – enluminure – canicule – pugilat – clochette – abeille – palmier – persévérant – zinc – champs – essoufflé – musicien – glace – grivoiserie – étang

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

Séquestré contre son gré, la nuit se déroule comme un rêve éveillé aux teintes cauchemardesques … ou peut-être l’inverse… Nathan perd le peu de repères qui lui restaient et se trouve confronté à une menace qui va le contraindre à livrer ses secrets si convoités … à moins que ….

 

Entre la visite surprise de ma persévérante hôtesse et l’incroyable tintamarre des grivoiseries de quelques marins musiciens éméchés, la nuit a été longue, éreintante même. Ma dernière nuit de sommeil me semble si loin que je doute qu’elle ait existé, peut-être, était-ce l’hiver précédent…ou peut-être même celui d’avant. Je me perds. Un mugissement de tôles de zinc griffées a déchiré le silence. Nous venons de frotter notre embarcation contre, ce qui semble être, un rocher ou plus certainement un quai. Immédiatement, le son éloigné et persévérant d’une clochette me parvient annonçant l’heure du petit-déjeuner. L’obscurité torride de la nuit a été rincée recoin après recoin de la pièce par la clarté naissante de ce nouveau jour de captivité. Ma cabine-cellule reprend ses dimensions réelles, plus rien n’échappe à la lumière. Je retrouve un brin de sérénité avec soulagement. À l’extérieur, la température semble déjà atteindre de vertigineux sommets, la canicule reprend ses droits. Entre mes doigts recroquevillés, la liste de mes proches menacés n’est plus qu’une boule de papier froissée, quelques enluminures qui ornent le document sont encore lisibles. L’une d’entre elles revêt les contours d’une probable abeille, une autre, un L, s’étire de tout son long en un palmier, les traits sont noirs, mal assurés, confus, conférant à l’ensemble un rendu malsain. Quelle étrange attention que de maquiller ainsi l’intitulé de cet avis de morts.

Jour après jour, mon rêve d’absolu et de firmament s’escampe, me voilà bien ennuyé. Je m’étais imaginé profitant de la vie, l’habillant de ces nombreux atours que seul l’argent permet de lui octroyer. Fuyant la cohue et la folie humaine, je me voyais déjà, propriétaire terrien, jouissant de quelques champs, et même d’un étang, un loch comme on les appelle en Écosse, vivant dans un manoir, idéale et discrète gentilhommière pour un homme souhaitant s’effacer, pour un temps du moins, de la réalité. Mais, derrière la glace du miroir de mon imagination, la menace fendille inexorablement toute aspiration à un meilleur dessein. Ma quête s’est transformée en un pugilat impitoyable dans lequel je laisse peu à peu toutes mes forces et toutes résistances. Ils sont en train de me briser à la guise du souffle tantôt brûlant tantôt glacé de cette détention qui affole la girouette de ma vie. D’abord essoufflé, je me sens aujourd’hui dévitalisé, déraciné, esseulé. Je suis littéralement devenu un mort vivant, à bout de forces.

Derrière la porte, un craquement. On joue avec la poignée. Elle résiste. Pression sur la porte qui semble ployer… Elle résiste encore. Un visage apparaît entre les barreaux. Je le distingue à peine mais le regard perçant reconnaissable entre mille ne me laisse aucun doute quant à l’identité de ce nouveau visiteur et semble m’annoncer :

« Wens est de retour dans la danse… et crois-moi fiston, ça va rock’n’roller ! ».

 

Petits pas de coincoins

 La suite, ici : Quitter le navire

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

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