Sois canne et (ne te) tais (pas) toi !

 

« Et bien mon canard… ponds nous donc un article pour nous dire ce que tu ferais si tu étais une femme pendant 24 heures !!!

Et donne ton adresse pour que l’on voit le résultat ! « 

 

Intrigué, je relis la réponse de Chou…Réponse à un petit commentaire que j’ai laissé hier dans l’après-midi suite à la lecture d’un excellent article (divertissant et intelligent !). Quelle répartie. J’adore !

Et me voilà, face à l’écran blanc de mon petit WordPress chéri. Allez sois canne et ne te tais pas surtout… prends tes responsabilités, fais ce que tu ferais si tu étais une femelle dans cette mare… Ponds… Groumpfff ! Yes, I « canne » !!!

Oui, comme je l’ai crânement écrit chez Chou, je me suis mis à imaginer. Le jeu m’a plu dans un premier temps, et tel l’apprenti sorcier, je me suis mentalement affublé un intellect hors pair (intelligente, (im)pertinente et brillante), de ravissants cheveux (oui oui, longs et légèrement bouclés), de belles et fines épaules, d’une peau douce et imberbe (out pour 24h de mes origines latines déjà trop visibles), de longues jambes, de seins mignons tout pleins (pas trop gros mais à peine moyens), de fesses (peut-être un peu trop d’ailleurs) et d’UN ravissant petit minou joliment taillé et mais absolument pas rasé (hum hum…j’aime bien la « verdure »)…. puis puis…. très vite, j’ai déchanté. Pourquoi ?

C’est simple, au delà des tracas nombreux liés à mon nouveau statut temporaire de « femme de mes rêves » (règles, épilation, coiffure, manucure, soins esthétiques…), j’ai vite réalisé que cette femme que j’essayais de visualiser était en fait cette femme idéale avec qui je désirerais être… et non pas la femme que je désirerais être même pour 24h. Et cela fait une sacrée différence. En fait, je fais comme un blocage. Comment m’imaginer dans les bras d’un autre homme ? Son baratin ? Ses mains sur moi, sur mes seins à croquer et mes fesses de rêve qui rendrait jalouse Jennifer Lopez ? Et puis, après quoi ? M’agenouiller ? Et devoir goûter son « appendice » ? Et le laisser pénétrer dans mon jardin admirablement entretenu ? Oups ! Impossible ! Sensation très désagréable. Ou alors devenir lesbienne. Oui peut être…

Comment poursuivre désormais l’exercice ? Je pourrais ici faire l’étalage de tout ce que j’admire chez LES femmes mais cela n’est pas le sujet et franchement, la liste serait très très très longue. Comment faites vous mesdames ? Je ne sais pas. Si je ne peux pas me transformer en une femme si parfaite soit elle, je vais juste essayer de me glisser dans la peau de l’une d’entre vous. Certes, cette personne n’est pas la seule à laquelle j’ai pensé et elle n’est certainement pas la personne la plus à plaindre en ce monde. Le temps de quelques lignes, je vais être (un peu) elle…

 

Être une femme, c’est parfois, par amour aveugle, être un bon « petit soldat »

Mon esprit s’est embrumé quelques instants. Autour de nous, l’assistance est très attentive, silencieuse. La nervosité est palpable, tant et si bien que je ne sens presque plus la main de Camille dans la mienne, qui pourtant me harponne incroyablement fort. Je ne sens même plus mon bras. L’avocat a été très clair. Dominique a besoin de moi à ses côtés, à tout instant. Je ne dois à aucun moment laisser planer le moindre doute : « Domi n’a pas pu faire cela. Les faits qui lui sont reprochés ne sont qu’une machination ». Voilà le message à faire passer. Faire bloc, la réalité c’est celle que les gens vont voir dans les semaines qui suivent. Comment imaginer un seul instant qu’un homme de cette importance, de ce niveau intellectuel puisse risquer de tout perdre pour une futile et rapide partie de jambes en l’air de 7 minutes ? Non non, il n’est certainement pas si sot, Domi … (*).

Pousser les gens dans ce sens, les inviter à le croire, à en faire leur réalité, et la partie pourrait ne pas être complètement perdue. Je ne serais finalement qu’un instrument de réhabilitation pour mon très cher et (trop) chaud mari. Je serre les dents, comme trop souvent. Cet été s’annonce vraiment pourri. Lui, il est là, à quelques mètres devant moi. Il a l’air d’aller mieux. Son regard est un peu plus vif que ces dernières heures. Comment fait-il ? Il est là, impassible. Je sais qu’il bouillonne, qu’il s’impatiente. Toutes ces procédures, ces attentes, je le sais, cela l’exaspère. Mais voilà, cette fois, ce n’est pas lui qui tient les rênes. Je l’ai bien vu lorsque nos yeux se sont croisés. Il m’a à peine effleurer. J’ai le coeur brisé. Comment parler de tout cela ? Quand pourrons-nous le faire ? J’ai échangé avec lui dix mots tout au plus depuis que CELA est arrivé.

Le soutenir. Moralement et physiquement. Brave petit soldat toujours au côté de mon mari tombé de son piédestal depuis ce funeste 14 mai où il a été arrêté dans l’avion qui le menait à Paris. Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? Mon grand séducteur de mari devant l’éternel, mon « chimpanzé en rût » est presque indifférent à toute la scène. Les journalistes, les photographes, les femmes de ménage… c’est le grand déballage et cela ne fait que commencer. La honte, l’humiliation, la mauvaise presse, la pression, le passé… rien ne me sera épargné. Mais je suis forte, je me dois de l’être. Je l’ai déjà démontré par le passé : le scandale de la MNEF, la relation avec l’économiste hongroise du FMI, et toutes les ombres que nous essayons tant bien que mal d’occulter. Si je reste, c’est que mon diable de mari le vaut bien… Nous nous aimons d’un amour fort et ultime. Rien ne pourra le briser. Enfin… je crois…

Comment moi qui ai été une icône des années 80, l’une de ces femmes «jusqu’au bout des seins» que chantait Michel Sardou, de ces femmes qui voulaient tout – l’amour, la réussite professionnelle, les enfants – puis-je accepter de soutenir un homme suspecté d’avoir violenté une femme ? Comment moi, l’enfant choyée, l’ancienne star du petit écran, la riche héritière qui ai mis sans rechigner ma fortune au service de mon mari puis-je accepter d’avoir été ainsi trahie ? Trompée à la face du monde entier ? Au nom de l’amour… celui qu’il a toujours su me donner. Cette passion me détruira peut-être, mais je ne peux tout simplement pas la maîtriser. Comme j’ai déjà pu le lire dans certaines pages, oui, je suis prisonnière. Mais, je ne suis pas la prisonnière de ce système médiatico-politique que lui et moi échafaudons depuis de nombreuses et heureuses (si si !) années comme s’acharnent certains journalistes à l’écrire… Il aurait pu nous mener loin mon Domi, c’est vrai. Je le voyais tout en haut de l’affiche

Je suis prisonnière de la passion. De mon homme, j’en suis folle. Qu’importe la direction, je vais le suivre, je ne peux me résoudre à autre chose.

Qui peut me sauver ?

Mon esprit s’embrume à nouveau…. Coincoins !

Crédits photo : PHILIPPE MERLE/AFP
Crédits photo : PHILIPPE MERLE/AFP

 

 

(*) je décline toute responsabilité quant à la petitesse de l’un ou l’autre rare jeu de mots qui pourrait se glisser dans ce texte… moi ça m’amuse 😉

 

Ce texte n’est pas libre de droits. La photo non plus

 

 

La face cachée…

 

Il ne se reconnait plus.

Le regard se pose au loin. Le miroir s’embue. Qui est-il ? Ou plutôt qui est-il devenu ? Il ne se reconnaît plus. L’âge peut être… Jamais un mot plus haut que l’autre avec ses clients. 22 ans de démarchages en tout genre, 22 ans de routes interminables à déambuler dans les villages, les lieux-dits, 22 ans de « bons et loyaux » services dans quelques semaines… et jamais un différend, jamais « avoir maille à partir » comme disait môman. « Maille à partir », cela le fait sourire. Comme pour un long et difficile tricot, il s’évertue, maille après maille, à ne jamais trop serrer, ne jamais décaler, ne jamais sauter : dans ce métier, il n’y a pas de raccourci, pas de prise facile. Jusqu’au dernier mot, jusqu’à la dernière poignée de main, rien n’est jamais acquis. Alors, depuis 22 ans, il se contrôle. Il inspire par les poumons, expire en vidant son ventre, et rythme tout doucement l’ensemble. Les gestes brusques et les familiarités sont proscrits, les yeux fuyants sont bannis. Pour le reste, une tenue humaine et vestimentaire exemptes de tout reproche sont exigés. Comme le médecin, il évite de rentrer dans les détails de la vie intime tout en laissant ses « patients » aller assez loin. Ce n’est pas bon pour les affaires que de faire du sentiment. Avoir des états d’âmes serait une erreur de calcul qu’il ne peut pas se permettre. De la distance et de la méthode, voilà la recette. Certes, tout est dans le paraître mais qu’importe. La « faim » justifie les moyens et la feuille de salaire à la fin du mois ne connait pas d’erreurs de calcul.

Depuis trop longtemps, ce contrôle de lui-même le bouffe. Il ferme les yeux sur tellement de choses. Depuis quelques semaines, une colère sourde gronde douloureusement en lui. Les maux d’estomac sont devenus de plus en plus violents. « Des vrais coups de perceuse » avait-il clamé au pharmacien. Aujourd’hui, c’est un tunnelier qui oeuvre en lui…et qui le vide inexorablement. Lui, toujours si propre sur lui, si fier de sa prestance, le voilà cloué depuis plus de deux heures sur ces toilettes. De sa place d’infortune, porte entrouverte, il lorgne sur le vieux dessus de lit. La petite chambre est plongée dans la pénombre désormais. Il contemple sa veste jetée précipitamment par terre. Depuis, il a pu se débarrasser de ses chaussures, de sa chemise, de son pantalon, de ses chaussettes. Il ne se rappelle plus dans quel ordre d’ailleurs. Il sourit. Striptease sur les toilettes. Il végète dans un état second. Et pourtant, sa perception de la scène reste fine, cocasse même. Au son qui gargouille à travers la cloison, il devine qu’il est bien tard, le journal de la nuit vient de commencer. Oh oui, au moins deux heures qu’il est là. Couvert de sueur et pris sporadiquement de frissons, cela ne se calme pas. Il ressasse encore et encore sa vie. Toutes ces phrases, tous ces mots. Convaincre, rassurer… Tout est dans le paraître. Ne jamais « être » vrai. Décaler, se décaler..pour être en harmonie avec sa cible. Laisser percevoir le bon reflet, faire briller les meilleurs reflets du miroir aux alouettes…

Il ne se reconnait vraiment plus. Il n’y arrive plus. Il sait, il sent, il comprend. Il faut que ça s’arrête !

 

Le paraître et l’être… deux frères ennemis à ne jamais laisser comparaître ensemble ? On se « mélange » rarement sur sa tartine. On se fait une idée puis on la beurre ou on la « pâteàtartine ». Il n’y a plus qu’à inviter à la dégustation (au piège ?). On n’est rarement soi-même finalement. Comment l’être ? Tout mélanger sur une belle tranche de pain frais ? Quel goût pourrait avoir une telle mixture ? Bref, je cesse là cette indigeste « tartine » et je vous laisse à vos pots de confiture  😉

Coincoins

ps : speciale dédicace à la mouche Ksé Ksé qui m’a piqué/branché sur le sujet

Ce texte n’est pas libre de droits. La photo non plus

 

 

Exaucer

Te tracasse pas mon gars. Elles arrivent…

 

Il patiente. Sac à main de madame en bandoulière et jouet de la petite dans la main, il patiente. Deux heures qu’ils déambulent de petites rues en grandes places. Cette ville lui semble infinie. « Ses » femmes comme il aime les surnommer tendrement ne s’épuisent pas. Elles ne touchent plus terre depuis leur arrivée sur le vieux continent. Désormais, elles papillonnent de boutique en boutique. La mère et la fille ont retrouvé un semblant de complicité. Il sourit doucement. C’est bon de respirer normalement. Lui, Sanzo n’en peut plus. Ereinté, par ces slaloms incessants dans les entrailles citadines, le poids de ces dernières années le plaque inexorablement. Trop de travail, trop de stress, trop de soucis, trop de secret…trop de tout en fait pour vraiment pouvoir profiter de leur belle échappée. Cela faisait si longtemps qu’ils parlaient de cette venue..Tiens, c’est bien simple, ils avaient abordé le sujet dès leur premier jour ! Elle en rêvait comme attirée par le reflet étincelant de l’occident. Lui ne voulait que partir, changer d’air pour essayer de trouver sa vocation. Les années sont passées. Tout va si vite. Les responsabilités vous enchainent, le quotidien vous détourne. « Foncer », « travailler », « mériter », « se taire », « encaisser » tout cela Sanzo s’est appliqué à le faire. Il ne s’est jamais plaint. Accumuler assez d’argent est devenu son obsession quotidienne. Il n’a plus fait que « ça ». Il a épargné les siens de son enfer, il l’a caché en son sein, il l’a occulté, serrant les dents, serrant les poings jusqu’au sang. De longues années plus tard, un jour, enfin, le « sou par sou » est devenu assez grand.

La lassitude pourrait maintenant l’emporter mais en fait, c’est la nostalgie qui est là, omniprésente. Ce doux soleil de fin de journée qui lui lèche l’encolure ferait mentir le calendrier. Fin septembre. Il soupire lègerement. Il ne veut pas que Keiko sa ravissante compagne ne devine cette nostalgie. Il a toujours été fort pour elle. Au moins durant cette escale en terre lointaine, il ne veut plus voir de nuages sur le visage fin de son estimable épouse. Il ne la voit plus beaucoup sourire. Il voulait de toutes ses forces que la flamme mystérieuse et vive qui animait l’idole de sa vie revive enfin. Elle avait fait chavirer le coeur du petit homme de 12 ans qu’il était. Cette rencontre furtive lors d’une de ses nombreuses visites du temple Sens-Ji avait dès lors tout changé dans sa vie. Il ne vivait plus que pour revivre encore et encore un échange de regards avec elle. Le petit habitant du pittoresque quartier d’Asakusa (alors beaucoup moins fréquenté de touristes) avait dès lors consacré le plus clair de son temps à s’asseoir sur une des plus hautes marches de l’enceinte. Il était aimanté, attiré inexorablement vers ce qui allait devenir son destin, vers celle qui allait devenir sa promise. De sa vigie, il déchiffrait les Kanjis qui ornaient chacune des lanternes rouges. L’endroit prenait soin de lui, l’aidait à croire en sa destinée. Il s’imprégnait de la magie et de la sérénité du lieu.. et il ne cessait d’espérer. Un jour, après de multiples tentatives infructueuses et occasions ratées, c’est elle, Keiko, rayonnante, qui vint vers lui…

Quand il avait enfin pu brandir triomphalement les billets, elle n’y croyait plus depuis bien longtemps. L’émotion fut si forte et l’instant si intense que leur unique fille Anda avait laissé échapper un petit cri voyant sa mère s’affaler subitement. Lorsque celle-ci releva la tête, ses larmes et son sourire brièvement retrouvé témoignait de la violence de ses sentiments. Oui, cela en valait la peine. Toutes ces heures à se plier, à se soumettre, à accepter ce qu’aucun ne voulait faire. Lui, le petit fonctionnaire il s’en était occupé : de jour comme de nuit, insatiable, il s’était accroché. Pendant ce temps, elle, son trésor d’enfance, s’était éloignée.

Mais depuis ce matin, tout va mieux. Durant le petit-déjeuner, il n’en avait pas cru ses yeux : elle était à nouveau rayonnante, sa renaissance avait eu lieu. Le coeur de Sanzo avait tout de suite reconnu cet éclat retrouvé. Exigeante, étonnamment câline, elle avait veillé toute la nuit à entretenir la flamme du désir et de l’excitation jusqu’alors oubliés. Keiko l’avait honoré comme aux premiers jours. Sanzo, incrédule mais valeureux, avait finalement dû capituler aux premières lueurs du jour, épuisé. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas remporter d’aussi délicieuses batailles. Elle revit. Oui, depuis ce matin, tout va mieux………

Un petit souffle derrière son oreille éveille notre homme. Il sent son éternel parfum. C’est elle. Il ferme les yeux. Mordillant légèrement son oreille, elle passe sa main autour de ses robustes épaules. Elle l’invite à rejoindre Anda qui patiente gentiment à une terrasse d’un café. Commande prise, le garçon de café complètement indifférent s’éclipse rapidement. Keiko fait face à son humble époux. Sans vraiment savoir pourquoi, il ressent une légère inquiétude, une étreinte s’insinue. Mal à l’aise, l’air ne passe presque plus. Respiration courte. Keiko le dévisage maintenant. Sans vraiment savoir pourquoi, il ressent une légère inquiétude, une étreinte s’insinue. Respiration courte.  Espiègle, elle sourit… Quelques mots glissent entre ses lèvres, à peine audibles. Leur fille, déjà dans la confidence et, semble t’il, amusée, guette la réaction de son vénérable père. Il comprend, du moins il entend, dès lors, le pourquoi de son « mauvais » pressentiment. Une envie avait germé en elle. A quelques trottoirs d’ici, les affiches d’une boutique avait attiré son regard. Elle lui montre maintenant une jolie brochure colorée. L’étoile de son existence veut désormais faire SA « découverte de l’Amérique » ! Visiter les Etats-Unis ! Sanzo cligne des yeux. Son sang pulse si vite qu’il lui semble se figer en lui. En un très bref et noir instant, il se voit de retour au travail (dans moins de trois jours), aplati sur son ridicule bureau, entouré de piles de paperasse dangereusement penchées sur lui… Frisson… Re-frisson… Imperceptiblement, les épaules se sont affaissées de quelques millimètres. Il se tient le plus droit qu’il le peut. Glacé mais étonnamment maître de lui, piégé sur son chemin de l’amour, Sanzo dit :

« Oui Keiko san. Mon amour, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’exaucer. Je vous le promets à toutes les deux ».

 

Coincoin !

 

 

Ce texte n’est pas libre de droits. La photo non plus