Reflets de « Tristessa »

À la lecture d’un article chez Dr Caso, j’ai été ébloui par un reflet de ce que moi-même je vis depuis quelques temps déjà.

Inéluctablement attaché à un certain confort et à une sécurité (emploi, lieu de vie) indéniables, ma vie a parfois des reflets que mes yeux ont bien du mal à supporter. Alors, je les cligne, je les ferme. Mais bien sûr, rien n’y fait. Loin d’être un mal-être insurmontable, c’est comme un malaise récurrent, implacable, infini. « Et si … ? » …

Exilé depuis 18 ans d’une vie dont je regrette parfois certains aspects pratiques et émotionnels, pas plus fort qu’Ulysse, je me suis laissé envoûté par un chant des sirènes financières. J’ai vécu cette faiblesse, « céder à la tentation d’une vie plus facile, plus confortable », dans l’euphorie. « Boosté » par mes origines modestes, cette opportunité, je l’ai traduite en victoire, en revanche sur une vie pas toujours facile jusque là mais soyons honnête, qui n’avait rien de misérable ou de honteux.

Quand je reviens sur mes pas, je ne retrouve plus ces empreintes de pas qui m’avaient guidé en ce temps-là. L’euphorie siphonné, l’élan essouflé, le temps est passé (ou plutôt, je suis passé à autre chose). De retour de ces pèlerinages improvisés, je reviens alors les idées plus claires… pas forcément rassuré, pas forcément heureux, pas forcément résigné…mais assurément attristé par ce passé qui ne peut plus se mettre au présent, troublé par les sentiments qui me déchirent d’être si loin de mes « proches », désorienté de constater que mes traces laissées peu à peu s’effacent…

C’est le blues du passé, écorné, que l’on se rappelait naturellement mieux et qui, le salaud, aujourd’hui, se découvre quelque peu frelaté, déformé.

Aujourd’hui, ma route n’en devient pas plus facile, elle est juste plus claire, elle s’avère plus sûre. Ne pas savoir ce que l’on veut c’est terrible. Mais savoir ce que l’on ne veut plus, c’est déjà pas si mal, n’est-ce pas ? … Mes choix jusqu’à maintenant, se sont avérés plutôt bons mais les sirènes ont occulté les interrogations, les doutes qui aujourd’hui renaissent. L’âge aidant, l’absence de racines se fait durement sentir…

2013-12-31 21.30.33

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