Dans la balance

Les plumes de l’été 18 – Collecte des mots en R avec 19 mots proposés par les

Les plumes de l'été

Les plumes de l’été

participants au jeu organisé par Asphodèle :

Rococo – récolte – rivage – rigolo – râler – (se) rebeller – roucouler – rature – rumeur – ruban – regrets – russe – rodéo – rose – rage – rubicond – rasoir(e) – ragondin – rouleau.

Les autres textes, ICI.

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

Les deux héros, associés dans un intérêt commun de survie, s’enfuient à bord d’un bateau. Rapidement pris en chasse, la plupart des questions restent sans réponse…

 

Le toussotement mécanique du hors-bord de nos poursuivants se fait persistant. Le relief escarpé et tourmenté de ce petit bout de côte que nous longeons depuis le début de notre fuite nous fournit d’innombrables caches. La nôtre, inaccessible depuis le rivage, nous assure une relative protection. De là où nous sommes, bateau plaqué à une petite falaise, à quelques dizaines de mètres d’eux, je n’ai pu qu’entrevoir nos adversaires, regards braqués sur l’horizon, ils sont trois, armés de fusils mitrailleurs. Bannière russe au vent, leur embarcation reprend doucement le mouvement La rumeur de la turbine ennemie s’éloigne, laissant de nouveau place au bruit de l’eau tapotant la coque. Pour un temps au moins, nos traqueurs s’éloignent. Les décors autour de nous sont paradisiaques. Des bancs de poissons bigarrés en jaune, bleu, rose et rubicond se livrent à d’infinis et rigolos rodéos improvisés dans l’eau translucide, doucement bercés par les rouleaux de la mer calme. Wens s’avance vers moi, l’arme au poing. Son regard se pose sur ma jambe blessée. Jusqu’alors maître de lui, il semble s’agacer.

« Il me faut savoir ce que tu lui as raconté et promis . Je la connais. Je sais qu’elle est venue te faire une petite visite, et cela m’étonnerait que ce n’était que pour roucouler. Tout aussi malin et beau gosse que tu puisses être, elle ne s’est certainement pas contentée d’une récolte infructueuse d’informations. Je l’ai vu écorcher vif un pauvre bougre juste pour le plaisir. Alors, … raconte !» …

Sur ses derniers mots, il appuie le canon sur mon genou. Une vive explosion me lacère le ménisque. La rage m’étrangle. J’essaie de râler mais vivement il pose sur ma bouche sa main restée libre. Une vague sombre de regrets me submerge, cette nouvelle marée noire me pousse à me rebeller. Il sait que je n’ai pas encore pu livrer tous mes secrets, sinon à quoi rimerait cette nouvelle traque. Je lui fais non de la tête, en larmes.

Effrayé, je lui brandis le papier froissé, contenant la liste de mes proches menacés. Il s’en saisit, en parcourt les ratures. Intrigué tout autant que je l’avais été par les enluminures tracées à main levée, il s’attarde sur un ragondin formant un R. Enfin, il détaille le contenu puis se laisse choir sur son séant, buste redressé, absorbé par ses réflexions. Il a dans son attitude un je ne sais quoi de « vieille école », de « rococo » comme aurait pu le dire une de mes ex. Pensif, il triture le document, inconsciemment il le plie, le lisse, le glisse entre ses doigts comme un simple ruban et finit par le mettre dans sa poche. Maintenant, il me fixe de son regard froid et pénétrant. Aucune émotion ne le trahit. Je me sens sur le fil du rasoir, en balance dans ses réflexions. Dans mon dos, ma main enserre plus fort que jamais le manche en bois massif d’une vieille pelle. Son bras droit se tend. J’inspire profondément…

 Coincoins en balance

La suite, ici -> « À sec »

 

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