Sans concession

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 70 avec 22 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

coffret – sexualité – moutarde – carrière – punaise – rôle – va-nu-pieds – invisible – irréel – présence – espion – élégance – prédateur – malfrat – vermillon – quelconque – boum – sucer – sittelle (torchepot) – zythum – mirabelle – brevet

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

La chaleur est montée subitement dans la cabine-prison… Une issue se dessine t-elle ?

 

Décompter les jours écoulés m’est devenu impossible. Le temps s’est arrêté depuis le jour où cette course infernale a débuté. La violence et la férocité de mes chasseurs me laissent le goût amer d’une nuit de cauchemars dont l’issue semble se refermer et devenir fatale. Telle la sitelle, qui une fois à l’abri du trou qu’elle a choisi, enduit de résine l’entrée de son nid pour éloigner les prédateurs, je voulais réduire au maximum les risques énormes encourus à m’installer dans de telles activités. Il n’existe pas de brevet certifiant que vous êtes un expert en la matière, mais mes coups d’éclats passés avaient été suffisamment brillants pour confirmer mes compétences. Ne résistant pas longtemps aux perspectives alléchantes, j’avais alors tenté de diversifier les investissements de mes fortunés clients, dans le domaine alimentaire, en plein boum ces dernières années. Cela était censé constituer un écran de fumée suffisant pour ne pas éveiller les soupçons et me permettre de blanchir de grandes quantités d’argent sale. Malheureusement, les quelques miettes placées auprès des moutardes Amoro, des producteurs de bières anciennes telles que le Zythum ou la Cervoise (*), ou encore des coopératives lorraines des amis de la mirabelle ont fini par attirer l’attention puis les convoitises. L’empressement de mes commanditaires, et donc, le manque de temps m’ont contraint à démultiplier de façon aberrante les rendements qu’elles généraient. Les espions infiltrés m’ont alors rapidement retrouvés et se sont intéressés à mon évolution de carrière fulgurante et peu discrète. Encerclés par les malfrats et leur cheftaine cubaine aux chaussures vermillons, je suis passé bien malgré moi et très rapidement du statut de gestionnaire de fortune quelconque à celui de « consultant-expert » très courtisé et désiré comme me l’a bien fait ressentir Rocio ma geôlière cubaine. Elle m’a murmuré presque tendrement à l’oreille, qu’elle était en train de me sucer, que cela signifiait « rosée du matin »…rosée que je pourrais peut-être bientôt ne plus connaître si je m’obstinais à me taire.

Je sens encore sa présence invisible entre ces quatre murs. Malgré l’incandescence de nos ébats à la sexualité débridée, elle avait réussi subitement à me glacer les sangs. À peine avait-on recouvré nos esprits qu’elle avait endossé à nouveau son rôle de tortionnaire. Captivant toute mon attention, et avec une élégance qui me sembla minutieuse et calculée, elle se recula lentement. Je sentais ses yeux encore embrasés me détaillaient. Son propos fût clair et concis. Elle ne comprenait pas comment je pouvais « tenir » ses patrons et voulait encore moins savoir pourquoi d’autres acteurs tentaient de me protéger. Il lui importa juste de bien préciser quel serait le programme des réjouissances pour les heures à venir. Elle ne me laissa aucune perspective d’espoir ou d’arrangement tant que je ne ferais pas preuve d’un peu plus de « bonne volonté ». Elle me parla du tourment terrible que j’allais vivre si je la contraignais, elle, de torturer et abattre les gens qui m’étaient chers. Lascivement, elle s’empara d’un petit coffret qui l’avait accompagné dans sa virée nocturne et en extirpa quelques papiers qu’elle déplia sous mes yeux. Elle m’énonça une liste impressionnante de personnes proches, tant par la quantité de noms que par la précision des informations qu’elle détenait. Elle évoqua plus particulièrement ma pauvre mère, recluse dans son petit village de la Drôme, prisonnière de son veuvage depuis de si nombreuses années. Puis, elle s’attarda sur une partie de ma famille avec moult détails. Enfin, elle devint plus évasive sur le reste de son décompte. Il me sembla qu’elle lisait tant sa diction était précise et claire, pourtant la luminosité faiblarde rendait toute lecture impossible. Elle connaissait par coeur le contenu de son document. Puis, comme on écrase une simple punaise, elle ponctua son propos en écrasant son poing sur la vieille planche pourrie qui nous servait de couche. Le bois gémit alors sous le poids de l’impact. Immédiatement, elle détendit sa musculature à peine sollicitée et se fît anormalement douce, parcourant de nouveau doucement mon torse velu de sa main douce et experte. Elle me tenait entre feu et glace, entre douceur et douleur, entre passion et raison, entre espoir et renoncement, entre homme extrêmement convoité et simple va-nu-pieds…tout proche du point de rupture, encore et toujours.

Elle resserra mes liens, s’assura de leur solidité puis m’annonça que nous étions en train de nous rapprocher de notre destination finale. Elle s’attarda étrangement sur ce dernier mot, accentuant, si cela était nécessaire, encore un peu plus la menace qui pesait sur moi. Un certain nombre de moyens techniques seraient dès lors accessibles et devraient me permettre de démontrer toute ma motivation sincère et sans réserve pour mes « nouveaux » alliés. Silencieuse, elle a rejoint la pénombre toujours présente en bout de la pièce et s’est volatilisée sans un autre bruit…m’abandonnant ainsi, piégé par l’indécision et l’affolement.

 

Coincoins contraints

 

La suite, ici : Faire une croix sur ses projets

 

(*) Zythum : bière que les anciens égyptiens faisaient avec de l’orge fermentée

Cervoise : bière consommée dans l’Antiquité et le Moyen-Âge faite avec de l’orge ou d’autres céréales

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

Nocturne tête à tête

 

 

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 69 avec 15 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

turc/turque – liste – avance – choc – minute – cancre – sexe – extrême – conscience – ruisseler – baïonnette – envol – suranné – apache – lune

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents : j’ai désormais réuni l’ensemble des épisodes dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

 

69ème édition et climat tropical obligent, Nathan va vivre à sa grande surprise une expérience autant enivrante qu’étonnante…

 

 « Je t’en prie… Laisse-moi faire… Tu en as vraiment besoin, je veux te soulager… ».

Je discerne à mes pieds une forme familière dans la pénombre. Je pensais que l’on avait fini par m’oublier. La sortie hors de mon corps, provoqué par les extrêmes douleurs imposées a permis l’éveil de ma conscience. L’adrénaline pure du stress, de la douleur, du choc, de la peur et de l’incertitude suscités alors m’a tenu longtemps éveillé. Abruti par la fatigue, j’avais fini par m’assoupir ne parvenant pas à terminer la liste de mes revendications. Il fait maintenant très sombre, une lugubre pâleur que je devine peinte par la lune depuis l’extérieur a envahi les lieux. Il n’y a plus aucun bruit. Pourtant, il me semble que le bateau bouge. Ce bâtiment doit être énorme, et même s’il paraît largement suranné, aucun bruit de la salle des machines ne parvient à mes oreilles.

J’ai été la tête de turc de ces brutes sans pitié ni remords, et voilà, que la pire d’entre elles se trouve là, dans le secret de cette cabine désaffectée. Une minute vient à peine de s’écouler. La forme bouge. Lentement, elle s’approche. Elle scrute du bout de ses longs doigts les contours de ma jambe blessée. Instinctivement, j’ai un mouvement de recul craignant que la main aux ongles acérés de mon ennemie ne m’enserre au niveau du tibia. Elle reste imperturbable, étonnamment douce. Les mots qu’elle m’a chuchoté m’ont laissé une agréable sensation suave et sensuelle. Dans d’autres circonstances, je l’aurais apprécié beaucoup plus. Je la devine très attentive à mes réactions, la tête légèrement penchée telle une apache l’oreille guettant un train sur des rails. Elle ne semble redouter aucun danger, ni baïonnette du soldat, ni serpent du désert. Elle s’avance ainsi féline, câline, atrocement divine. Certains de ses longs cheveux, dans leur lent envol, frôlent négligemment ma cuisse désormais. J’essaie de déglutir, et bien malgré moi j’émets un petit grognement ne parvenant pas à masquer le trouble qu’elle vient d’initier.

« Essaie de te détendre un peu. Bien qu’il soit un peu tard pour le faire, je vais te laver cette vilaine plaie avec de l’eau propre et froide. Puis je pourrais peut-être la soigner. De là où je viens, on utilise le jus de l’Aloe Vera. C’est très efficace et cela soulage presque instantanément. Si tu es sage.. ».

Elle se tait et cesse de progresser. Captivé par ses lèvres qui forment et libèrent ces mots à peine susurrés, j’ai à peine remarqué cette main qui a suivi son déplacement. Presque tendrement, celle-ci effleure mon sexe, déjà à l’étroit dans ce misérable chiffon qui me sert de pantalon. Ma respiration se fait plus saccadée au fur et à mesure que la pression de sa main se précise. Ses lèvres me renvoient un imperceptible reflet lunaire. Par un geste discret de va-et-vient, elle flatte l’importance et la spontanéité de mon membre excité. Dans la moiteur de la nuit tropicale qui s’installe, les poings liés, je me sens plus que jamais piégé, honteux… Oui, honteux d’être animé par le plus basique et le plus instinctif des réflexes primaires, je me sens comme le cancre de l’amour. Habilement, elle ne laisse pas en moi le doute s’installer, elle me saisit et entame une étourdissante manœuvre. Malgré les liens qui me gênent, elle m’invite à participer, j’embrasse cette poitrine que je devinais généreuse et que je découvre magnifiquement rebondie. Elle-même excitée, elle se cambre, elle laisse échapper un râle qui ne laisse aucun doute sur la suite de ses intentions. Je la goûte, savoureuse et parfumée, je me saoule de son sel. Dans cette chaleur torride, nos corps et nos sueurs qui commencent à ruisseler finissent par s’unir….

Très surpris par son changement radical de stratégie, en ces instants de fièvre corporelle intense, je mesure combien je suis en danger. Elle est vraiment prête à tout pour parvenir à ses fins, et me voilà, presque malgré moi, déjà bien mieux disposé pour la satisfaire !

 

 

Coincoins dressés

La suite, ici : Sans concession

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

Refaire surface

 

 

Désir d'histoires

Désir d’histoires

Désir d’histoires no 68 avec 17 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

mort – jouer – presqu’île – brin – frère – médiation – mélanique – (normal) – expert – orchestre – éloigné – acclamation – plausible – espérance – maladie – déménagement – incrustation.

Les autres textes, ICI.

 

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents :

  1. Encore un peu de temps en liberté… (Désir d’Histoires no 60) : à l’instant présent, réveil d’un personnage « coincé » sur une île et coincé dans ses souvenirs.
  2. « Baisse la tête, je vais… » (Les Plumes de l’Année en lettre P) :  dans un passé à peine passé (du moins semble t-il…), ce même personnage se retrouve en train de courir, pourchassé mais guidé, il fonce … tête baissée.. gare …
  3. Mis entre parenthèses (Désir d’Histoires no 61) : Suite à son rêve teinté de réalité, le héros revient à lui, toujours « coincé » sur son île. Inquiet, il décide d’explorer les environs et fait une troublante découverte.
  4. Brûler les traces (Désir d’Histoires no 62) : Retour vers le passé pour partager le début de ce qui s’annonce être une traversée d’est en ouest de la France. Mais avant tout, il s’agit de faire un peu le ménage
  5. Prisonnier des eaux (Désir d’Histoires no 63) :  Enquête sur l’origine des empreintes découvertes sur l’île dans un décor qui tourne au cauchemar climatique, Nathan obtient la confirmation de cette présence et recouvre peu à peu la mémoire
  6. Courte transition (Désir d’Histoires no 64) : Halte dans un bistrot en « banlieue nancéenne », le temps de se préparer pour la suite de la virée qui doit mener l’équipée au port de Biarritz.
  7. Double dose (Désir d’Histoires no 65 & 66) : Dur réveil au présent en fond de cale et en dangereuse compagnie pour une réunion de tous les protagonistes…
  8. Entre deux eaux (Désir d’Histoires no 67) : Le passé revient à Nathan sous l’effet violent d’une torture qui vient de commencer…sans préliminaire !

 

Salement brûlé sur le dessus du tibia par ses kidnappeurs, Nathan flotte désormais « entre deux eaux »…Il lui faut remonter à la surface de la réalité


Malheureusement, la mort ne semble pas vouloir de moi pour le moment. Cela doit être trop tôt. Si une quelconque entité supérieure orchestre notre devenir sur cette planète, celle-ci semble vouloir jouer encore un peu avec moi et m’impose un petit brin de route supplémentaire avec mon frère d’infortune. Je ne sais pas combien de temps je suis resté à vagabonder entre les limbes de mes délires et les comebacks à la douloureuse réalité. La diablesse noire s’est encore essayée quelques temps à me tirer les vers du nez. Mais la confusion qui régnait tout autant dans la cale que dans ma tête l’a contrainte à nous isoler mon garde du corps et moi-même en deux endroits distincts bien que proches l’un de l’autre. En experte, cette dernière s’est rendue compte que le stress et les souffrances avaient été suffisamment conséquents pour que le message passe. Pour le moment, je n’ai pas cédé. Du moins, je le crois. C’est la seule raison plausible qui puisse expliquer que je sois toujours en vie, dans cet univers inconnu qui pourrait bien être l’antre de l’enfer.

Je pense que la pièce dans laquelle je me trouve servait autrefois de cabine. Aujourd’hui, son ameublement se résume à une vieille planche verte de moisissure censée servir de couchage. Bien que mes liens ont été en partie relâchés, je ne peux rester allongé qu’à peine quelques instants tant le tiraillement de mes plaies est encore virulent. L’incrustation des fibres du tissu consumé est telle que je ne dissocie plus ma propre chair du reste. Tout le bas de ma jambe n’est plus qu’un cri d’élancement effroyable. Au toucher, je ne ressens qu’une lisse et désagréable texture cartonnée. J’ai besoin de soins rapidement sinon…

Les parois en acier dévorées par la rouille et l’humidité n’occultent en rien les bruits et les cris inquiétants qui m’encerclent. Pendant de longues minutes, des gémissements que j’attribue à la brute au bras fracassé ont hanté les lieux. J’espère que cela le tiendra désormais éloigné de nous. Depuis, un déménagement semble avoir débuté et les personnes ne ménagent pas leur peine à l’ouvrage. J’en décompte au moins quatre peut-être cinq. Il y a eu d’abord quelques acclamations comme celles que l’on peut entendre à l’annonce d’une bonne nouvelle. Désormais, difficilement, je ne perçois autour de moi plus que des mouvements d’allers et de retours, des frottements rapides et discrets dans un silence presque feutré. Tout comme on peut les percevoir dans un hôpital, la nuit, durant laquelle la maladie et la mort font leurs rondes, maintenant les patients à leurs mercis.

Ce retour tout relatif à la normale me permet de reprendre un peu mes esprits après ces moments de pur cauchemar. La plupart de mes souvenirs sont maintenant revenus, d’abord par vagues délirantes et effrayantes puis cela a été un déferlement abrutissant. Dans ce capharnaüm émotionnel, prisonnier par la douleur et la terreur, la raison semblait vouloir s’échapper de mon être définitivement. Extraite jusqu’à ne devenir plus qu’une presqu’île, prête à se détacher de moi-même, elle était prête à m’abandonner entre les mains de la folie. J’ai eu du mal à remettre de l’ordre, à me réintégrer, à me structurer à nouveau autour d’un sentiment cohérent et clair. Je vais devoir faire face très bientôt à ma tortionnaire mélanique, je dois faire progresser mon espérance de vie dans le bon sens désormais. La médiation doit tourner à mon avantage. D’ici, cet endroit que j’estime être à l’autre bout du monde, je ne pourrai pas faire grand-chose pour eux, il va falloir bouger, se rapprocher de la civilisation et utiliser des systèmes informatiques pour le moment hors de portée. On va pouvoir temporiser.

Si je parviens à contenir l’appétit vorace de mes geôliers et à les convaincre de me soigner, de me maintenir en vie, alors… j’aurais peut-être … l’opportunité de reprendre l’avantage.

 

 

 

Coincoins sur l’eau !

 

La suite, ici : « Nocturne tête à tête »

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)