Un doigt de sincérité

Désir d'histoires

Désir d’histoires no 72 avec 21 mots proposés par les participants au jeu organisé par Olivia :

distance – parenthèse – éperdue – instinct – emmurer – aporie – gigolo – archet – charbon – force – exagération – rentrée – inspiration – euphorie – sensible – attitude – majolique – étranger – péripétie – raisins – impertinent.

Les autres textes, ICI.

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

Les principaux acteurs de cette aventure se retrouvent réunis. Le ventripotent belge semble mener la danse désormais… Il prend donc l’initiative !

À partir de ce moment-là, mes souvenirs deviennent un peu confus et je m’en excuse. Je sais combien il est important que je sois clair et précis en ces lignes…mais voilà, l’extrême tension et  la force de ces instants ont gommé les contours de ma mémoire, me privant de la moindre prise concise sur toutes ces péripéties. L’apparition de ces deux personnes, Wens et Rocio, n’était pas le fruit du hasard. J’appris par la suite que dès j’avais été mis à l’abri, Wens avait été chargé par Yole le cravaté de mettre la main sur la redoutable mulata. Elle et ses sbires, immobilisés sur les flots aseptisés d’une mer d’huile, avaient eu beaucoup de peine à mettre de la distance entre eux et le lieu de notre dernière altercation. Bien qu’étranger à ce pays, le fin limier à leurs trousses n’avait eu aucun mal à retrouver leurs traces et à les  neutraliser durant cette courte parenthèse de calme dans cette histoire. D’abord surpris, je me suis demandé pourquoi le commanditaire belge avait eu l’inspiration de ramener cette féroce ennemie. Les choses sont très rapidement devenues claires à ce sujet.

Réunis dans la salle désertée du restaurant, dans un décor romain improbable orné de majoliques factices, Rocio se tenait là, solidement ficelée et maintenue. Le soleil qui traversait les légers rideaux léchait discrètement son visage et parcourait son formidable physique au hasard du souffle du vent. Adoptant une attitude fière, elle se plantait là, droite, mâchoire serrée, les yeux grand ouverts fixant un à un ses adversaires. Elle sembla perdre de sa contenance lorsque nos regards se croisèrent, court instant suspendu mais d’une intensité presque palpable. Cela n’aurait pu être que mon imagination, mais je sentis que le « gros », pourtant étranger à notre relation jusqu’à maintenant, avait également perçu ce court moment vaporeux. Cela confirmait son instinct et la suite le conforta dans sa position déjà plus que favorable. Je ne pourrais retranscrire exactement ses mots, je me souviens simplement que dès lors, étonnamment, chaque mot qu’il prononça était vide de cet horrible accent dont l’exagération m’avait jusque-là irrité. La bedaine proéminente, finissant de machouiller un grain de raisin, il se tenait entre elle et moi. Son regard impertinent allait et venait de l’un à l’autre. En fait, dès qu’il avait eu connaissance de nos moments « éperdus » cette nuit où captif, j’avais (facilement) cédé aux avances de Rocio, un autre atout était apparu dans son jeu. Crânement inspiré, sa bonne intuition semblait le mettre dans un état de légère euphorie. Son sourire se fit plus malsain, carnassier. Il tendit sa main droite dans la direction d’un des deux baraqués dans laquelle ce dernier s’empressa d’y disposer une petite tenaille à la mâchoire disproportionnée et puissante. Il serra à s’en faire blanchir les phalanges l’instrument étincelant d’acier. Prestement, il se précipita à une table vers laquelle on amena également la captive. On obligea celle-ci à appuyer son coude sur la nappe usée et fleurie, laissant ainsi le reste du bras et ses doigts écartés suspendre dans le vide. Yole glissa l’auriculaire entre les lames de son instrument et tel un violoniste répétant ses gammes en faisant flotter un hypothétique archet, il singea la ponctuation de l’acte qu’il avait, semble t-il, bien l’intention de commettre. Cette feinte ne fit même pas tressaillir Rocio, emmurée dans un mutisme forcé, dernier bastion de sa résistance. Moi, par contre, à ma grande surprise, je laissai échapper :

« Stop ! S’il vous plaît ! Ne faites pas cela ! ».

Pris en flagrant délit d’aporie, j’intervenais pour sauver mon impitoyable poursuivante en m’interposant… Cette attitude contradictoire n’étonna pourtant pas du tout l’habile belge qui se retourna vers moi en m’adressant ces mots très sèchement cette fois :

« On a le cœur qui brille pour la belle négresse à ce que je vois. Parfait ! Je n’ai donc plus aucune raison de douter de votre motivation dans le cas qui nous concerne. Nous allons laisser minette gratter encore un peu la terre puis nous aviserons…  quoique… Pourquoi être si sensible et attendre ?».

S’aidant à peine de sa deuxième main, il se tourna et resserra la pince qu’il tenait toujours fermement. Un petit claquement caractéristique ponctua ses derniers mots. Le corps de la jeune femme se tendit promptement bien qu’elle ne laissa échapper qu’un murmure de douleur. Une grimace figeait ses traits, ses yeux n’exprimaient que la rage et la douleur. Dans un monologue qu’il devait juger de circonstance, ce détraqué du sushi expliqua alors qu’il venait de pratiquer un « Yubitsume » (*), auto-ablation couramment pratiqué par les yakusas. Sur ce, il m’invita une dernière fois à  «  aller au charbon » (ce sont ses propres mots) concluant son propos avec cette dernière phrase au goût acide :

« Les vacances sont terrrminées, c’est la rentrrrée ! ».

Coincoins motivés

(*) Yubitsume : Cette coutume est la forme la plus commune de réparation en cas d’erreur ou de manquement à leur devoir.


 La suite, ici : Défibrillation

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

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Laver trop propre…tue !

 

Les plumes de l'été

Les plumes de l’été

Les plumes de l’été 24 – Collecte des mots en Z avec 23 mots (j’ai tout gardé : les facultatifs comme les noms propres ou non retenus)  : zeuzère – ziggourat – zélateur – zénith – zen – zéphyr – zigzaguer – zoo – zizanie – zéro – zinzin – zut – zoulou – zeste – zinzolin – zodiaque** – zozoter – zèbre – zouave – zèle – zarzuela – zan – zinzinuler.

Les autres textes, ICI.

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

Avec entre les mains une proposition absolument inattendue, Nathan va prendre conscience d’un échiquier quelque peu « plus vaste » que ce qu’il croyait. Les pièces du puzzle se mettent en place…

 

Éberlué, je passais et repassais pendant de longues minutes mes doigts sur les lettres à l’épaisse calligraphie. Mes pensées fusaient, je remontais un à un, les échelons de mes commanditaires, leurs attentes, leurs investissements, leurs apparentes inépuisables (res)sources de revenus. J’énumérais mes différents contacts, mes ennemis, mes placements… En face de moi, je sentais le regard de monsieur Yole s’attarder pesamment sur moi, le belge un peu zinzin me dévisageait. Je reprenais tout depuis le début et zigzaguais à travers chaque écran de fumée qui s’était dressé devant moi. Ma très « chère » discrétion avait toujours été appréciée à sa juste « valeur »… certes…  Vérifiant chacune de mes déductions, j’en revenais toujours à la même étonnante et invraisemblable conclusion : en somme, j’avais été, sans le savoir, le blanchisseur d’une ou plusieurs administrations américaines…peut-être même d’autres pays « amis » profitant de cette illégale combine. J’étais devenu le détergent financier anti-tâches capable de traiter des montagnes d’argent en les faisant transiter par mes petits chemins sinueux pour se perdre, disparaître et finalement renaître sous la forme d’une belle et immaculée manne pécuniaire. Je n’y avais vu que du feu. J’en étais abasourdi.

Désormais, j’étais devenu très visible, trop même. Moi, la gentille larve zeuzère avait gentiment creusé ses innombrables galeries dans l’arbre fruitier des places boursières du monde entier. Découvert, j’ai été contraint bien malgré moi de déployer mes ailes de frêle papillon nocturne. En pleine lumière, j’ai bien failli me faire brûler les ailes, parce que j’aidais la plus grande puissante mondiale à laver ses mains trop pleines et sales. Hallucinant ! Nathan, l’égoïste et insatiable trader, animé par mon incroyable cupidité, accro au Zan et à la boule antistress, je me découvrais agent, formidable mais surtout improbable, zélateur au service de la bannière étoilée, entassant les montants, alignant les zéros et n’oubliant que quelques « retenues » de mes trop nombreuses additions pour alimenter ma propre escarcelle. Je serrais très fort les poings, laissant certains de mes ongles noirs marquer profondément la chair. J’inspirais profondément plusieurs fois, recherchant une pensée zen, tentant par tous les moyens de me rasséréner.

Je fixais alors une médiocre reproduction juste au-dessus de notre table. « Le souffle du Zéphyr » soufflait sur ce qui semblait être une plaine à la végétation hirsute, à la merci d’un pâle soleil à son zénith. Je laissais la brise de ce vent si mal peint me pénétrer et flotter dans mes confuses réflexions. Au loin dans le paysage, on devinait une ziggourat. Je m’imaginais en train de pénétrer dans le temple qui indubitablement devait se trouver à ses côtés, déguisé en zouave, soldat unique du corps d’infanterie du capitalisme, à la quête d’un vain réconfort. Ce zeste improbable de distraction métaphorique distilla en moi une bienfaisante et calmante ondée. C’est à ce moment-là que mon interlocuteur me reprit des mains ces troublants papiers.

« Ne vous inquiétez pas mon cherrr ami. Les derniers évènements ont semé une belle ziiizanie. Tout ce tapage et ces rrrèèèglements de compte n’ont rrrien de bon pourrr nos affairrres en couuurrrrs. Nous avons, vous et nous, tout intérrrrêt à rapidement remettrrrreuuuh le couverrrrcle sur la marrrmite. Nous sommes bien conscients qu’il manque en nos comptes une petite parrrtie de nos deniers… Mais, voyez-vous, cléments nous avons décidé d’être. Nous avons prrris quelques rrretaarrrds conséquents dans les ultimes trrractations et nous ne pouvons nous perrrmettrrrre plusss de temporrrisation. Vous avez jusqu’à maintenant rrréaliser un trrravail rrremarrrquableuuuh ! Nous souhaitons que vous vous remettiez au trrravail au plus vite mais cette fois, vous le ferrrez sous notrrre prrrotection. Nous avons connu quelques défectuosités qui ont coûté des vies humaines mais cela est parrrfois le prrrix à payer quand on apprrroche l’excellence tel que vous… En quelque sorrrte, si vous me perrrmettez un petit trait d’humoooourrr, laver trop propre…tue ! Hahaha ! Herkherkherk hahaha ! Quel beau slogan cela pourrrrait être s’il vous fallait publiciter votre activité naaan ? »

Je ne m’en étais pas tout de suite aperçu mais en plus de ses multiples acc »rrr »ochages sur les « r » de chaque mot, le pas très distingué Yole zozotait dans sa surprenante démonstration de gaieté. Difficile à croire mais, tout me présentant un grand sourire béat, hilare, à l’instar de la mésange, il zinzinulait. Assoiffé et affamé, il engloutit une bière et trois pièces de sushis faisant disparaître à chaque fois si profondément son index que j’étais surpris de le voir revenir indemne. Il ingurgita le reste du plateau alors que j’avais à peine entamé mon assiette. Dans un nouvel élan de zèle gourmand, le visage tout zinzolin, il ajouta :

« Ziiiiooouuuuut alors ! (note de l’auteur : lire « Zut alors ! » …) Mais vous n’avez encorrre rrrien mangé ! Peut-être auriez-vous prrréférrré du poisson cuit ? Notrrre zoulou de cuistot concocte une zarrrzuela de tout prrremier orrrdrrre ! »

Tout à ses considérations culinaires, il oublia de me préciser que nous avaient rejoint plusieurs personnes qui semble t-il nous observer depuis quelques instants déjà. Je sentis leur présence et instinctivement, j’écartais ma chaise. Wens et deux autres gars cravatés et en costume sombre (décidément, cela devait être la mode dans le coin) encadraient une femme encapuchonnée vêtue d’une affriolante longue robe fendue au motif zèbre. je reconnus dans la seconde les formes troublantes de la captive et l’affriolante représentation de la roue du zodiaque finement tatouée sur l’épaule gauche. La belle panthère, Rocio, ma récente taulière qui m’avait assailli lors de la nuit en fond de cale, n’était certainement pas destinée au zoo local. Les mains liées dans le dos, visage caché, se cambrant sous la pression de la brute épaisse qui lui broyait l’avant-bras gauche, elle émit un râle rauque, aux sonorités indéniablement félines. Visiblement perturbé, le belge arracha sa serviette en papier, s’en essuya les babines grassouillettes. Arborant un drôle de petit sourire satisfait, il quitta la table et rejoint ses sbires.

« Nous sommes bientôt au bout de nos peines mes amis. Encorrreuuuh un petit dégrrriffage et nous pourrrrons rrreeuulaaancer nos affaires… » puis s’adressant directement à la captive : « J’espère que tu aimes miauler ma belle… ! ».

Coincoins tout propres

La suite, ici -> Un doigt de sincérité

Ce texte n’est pas libre de droits.

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Réveil étrange …

Les plumes de l'été

Les plumes de l’été

Les plumes de l’été 23 – Collecte des mots en W, X et Y avec 19 mots dont un facultatif et un pour faire plaisir à Soène 😉 : yole – wagon – wapiti – wasabi – xérès – yaourt – yoga – whisky – xénophobe – yo-yo – xylophone* (facultatif*) – yatcht – yeux – western – whist – wigwam (dans mon Hachette 2001: tente, hutte et par extension village des indiens d’Amérique du Nord. Des wigwams), wallaby, wallon, xiphophore.

Les autres textes, ICI.

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents sont réunis dans une seule et même page, ici, Work in progress (Écriture en cours).

C’est avec une certaine insistance que Wens annonce à notre héros qu’il va devoir le faire mourir. Alors que l’issue semble proche, laissons les lignes qui viennent nous conter quelles étaient les réelles intentions de notre attachant tueur-protecteur…

Ce qui s’est passé durant les heures qui ont suivies notre « sauvetage » en pleine mer reste très flou. Je me souviens de l’hélicoptère en vol stabilisé au-dessus de l’eau, des mouvements de yo-yo lors de notre extraction du bateau, rendue délicate par un fort vent de terre qui repoussait le filin, puis de la recherche infructueuse de nos poursuivants afin de définitivement les neutraliser et puis…mes yeux se sont clos. Neutralisé par une profonde lassitude et une nausée carabinée, j’ai, comme de nombreuses fois depuis le début de cette rocambolesque histoire, cédé aux coups de butoir fissurant ma conscience et effritant mes forces devenues bien trop rares.

À mon réveil, je fus étonné de ne pas me retrouver dans un yacht ultra-protégé par une armada d’hommes de main, assiégé par une horde de brutes, laissant continuer ce cauchemardesque western sous les Tropiques. J’aurais pu me réveiller de nouveau prisonnier, attendant désespérément la cavalerie, attaché à un totem, au milieu de wigmans et de séchois où pendouillent de la viande de wapitis. Non, en fait, rien de tout cela ne m’attendait. J’eus la bonne surprise de retrouver mes esprits dans une chambre d’hôtel, vaste et à l‘ameublement intérieur raffiné. Une douce musique aux teintes caribéennes filtrait par la fenêtre entrouverte. Elle provenait très certainement d’une marimba, sorte de xylophone  local. Pas de doute, je n’avais pas quitté les brûlantes Caraïbes, et, ma foi, contrairement à la promesse de Wens (*), j’étais toujours en vie. Qu’avait-il voulu dire par :

« « Mais avant tout, chose promise, chose due.. il est temps que je te fasse  … mourir ! » ?

Je ne pus résister au bar fourni de la chambre et me servis sans attendre un whisky sans glace. J’avalais d’un trait ce premier jet et me servit un deuxième verre. Tout en dégustant ce nectar que j’avais, quelques temps avant, pensé de plus jamais pouvoir savourer, je fis le tour de mes nouveaux « quartiers ». Rien ne laissait entendre que j’étais toujours en détention. Selon la documentation détaillée et colorée recouvrant un petit secrétaire, j’appris que j’hébergeais dans une suite affaires junior de l’établissement « Club Indigo » (**), qui mettait à ma disposition toutes sortes de facilités et de services, dont notamment de nombreux restaurants, piscines, salles de conférence, massages, séances de yoga, concours de whist etc etc… Les pistes d’atterrissage et garages pour 3 à 4 hélicoptères attirèrent mon attention, cette information m’arracha un petit sourire entendu. Ce lieu, dont l’emblème animal rappelait étrangement un wallaby défoncé au rhum frelaté local semblait être un énorme complexe hôtelier, dans les environs d’Haïti. La sonnerie du téléphone interrompit mes investigations. Un homme, au fort accent belge, se présenta sous le nom de M. Yole. Après m’avoir poliment demandé si j’avais passé une bonne nuit, il m’invita à le rejoindre à l’un des restaurants de l’hôtel, « le Gargantua » où nous allions devoir aborder les modalités à venir. Avant de raccrocher, le Wallon me précisa qu’il était opportun de me prémunir du dossier vert qui se trouvait tout à côté du plateau du petit déjeuner qu’il se ferait une joie de me détailler.

Dans le petit salon de ma suite, je trouvais sur une petite table coquettement apprêtée ledit dossier, posé tout à côté d’un plateau richement doté de café, viennoiseries, jus de fruits et yaourts frais. Quelques instants plus tard, pochette verte sous le bras, je parcourais de petits chemins soigneusement entretenus bordés par la végétation luxuriante. Les multiples indications et le décor très pittoresque des parties extérieures me rappelaient ceux d’un parc d’attractions. Je croisais une locomotive à vapeur et son wagon à charbon, quelques tentes de bédouins, une banquise factice et bien d’autres éléments déroutants encore, me faisant presque oublier que je n’étais pas ici pour des vacances. Au détour d’une merveilleuse palmeraie, je trouvais l’endroit du rendez-vous. Celui-ci était désert, si bien qu’il ne me fut pas difficile d’identifier mon interlocuteur. Il m’invita à m’asseoir et fit signe aux deux costauds cravatés qui lui tenaient compagnie d’aller nettoyer leurs lunettes noires quelques mètres plus loin. Il me tendit la carte du menu et prit la parole :

« Je vous recommandeuuuh la spécialitéééé du chef : le sashimi de xiphophore. Ce sont de fines trrrranches de ce poisson crrrru, à déguster nature ou assaisonné. Bien qu’il ne s’agisse que d’un misérrrrable et insignifiant négrrrroo aux mains trop souvent crrrottées, il rrréalise des sushis de tout premier ordre. Il cuit lui-même son rrriz dans une eau parfumée au vinaigre de Xxxérrrrès. Et puis, il rrrelève toute sa cuisine avec un wasabi diiiirrrrectement imporrrté depuis les pentes du mont Fuji, c’est un vrai rrrrrégal, dis !! »

L’éclat dans son regard et l’enthousiasme qu’il démontrait n’auraient su mentir, le petit gros du plat pays au discours xénophobe était sincère. Je souris, interloqué et quelque peu gêné. Face à ma passive réaction, le belge dodelina de la tête et s’empara du classeur qu’il m’avait demandé de ramener.

 « Alleeeez… Je vois que vous avez pris la farrrrde (***) avec vous. Très bien, je vous prrropose de l’ouvrir ensemble et de la parrrcourrrirr. Comme vous le savez sans doute, vous avez œuvré pour des gens très haut placés et qui aspirent à la plus grande discrrrrétion. Ils savent se montrrrer rrreconnaissants en temps utile. Et bien, croyez-moi, vous n’allez pas êtrrre déçu…»

Prestement, il déchira le liseret cranté et libéra un petit feuillet de quelques pages. Je reconnus au bas de l’une d’entre elles le sceau fédéral d’une institution mondialement connue. Il rassembla tous les papiers et me confia l’ensemble en soulignant avec son doigt à qui il était adressé. Je lus mon nom et mes trois prénoms. Mais plus que les détails de mon identité que comportait ce texte, c’est l’entête qui me stupéfia… En lettres grasses et soulignées, l’intitulé était le suivant :

« Programme fédéral de protection des témoins des États-Unis ».

 

 

Coincoins prrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrotégés 😉

 

 

(*) voir épisode(s) précédent(s) ou lire ici toute l’histoire : Work in progress (Écriture en cours).

(**) pour une visite de cet endroi, cliquer ici 😉 à http://www.clubindigo.net/hotel-haiti-hotel.php

(***) farde = classeur

 

 

La suite, ici -> « Laver trop propre…tue ! »

Ce texte n’est pas libre de droits.

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