Mis entre parenthèses

Désir d'histoires

Désir d'histoires

Olivia étant de retour, nous voici repartis pour un « désir d’histoires no 61 » dont voici la liste des mots (27 au total, tous repris dans ce texte) : hiberner – sentiment – tendresse – cachette – étagère – indécis – traîner – émanation – garnements – manque – spinalien – béant – désorienté – interdit – nocturne – caricature – caractère – banalisé – dosage – bleu – isoloir – enquêter – lointain – épaule – train – repartir – voyage.

Les autres textes ici 🙂

 

Avertissement : Ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Les épisodes précédents :

  1. « Encore un peu de temps en liberté… » (Désir d’Histoires no 60) : à l’instant présent, réveil d’un personnage « coincé » sur une île et coincé dans ses souvenirs.
  2. « Baisse la tête, je vais… » (Les Plumes de l’Année en lettre P) :  dans un passé à peine passé (du moins semble t-il…), ce même personnage se retrouve en train de courir, pourchassé mais guidé, il fonce … tête baissée.. gare …

Le texte qui suit se propose de ramener le lecteur à l’instant présent. Le temps passe mais les interrogations subsistent… :

 

Retour au présent …

« Il est temps de prendre le large … »

Ces derniers mots viennent déchirer le voile de ce rêve à l’accent et au goût prononcés de la réalité. Souffle coupé, recouvert d’une fine pellicule de sueur, me voici de retour dans le monde de la conscience. Le bruit de la mer me ramène définitivement à l’instant présent. J’écarquille les yeux et plonge dans l’obscurité ambiante, les étoiles sont là, elles veillent. Glacé par cette sensation bizarre d’avoir revu mon passé (récent ?) à travers ce nouveau flash. Tout semble si réel et la répétition de ces turbulences nocturnes durant les dernières nuits accentuent cette impression sans que je puisse déterminer le dosage entre fiction et réalité. Je serais donc en cavale. Désorienté, ma mémoire reste un abysse béant dont les bords rejoints me semblent bien tranchants. Je manque cruellement de repères pour réconcilier ces séquences qui m’assaillent. Quel étrange sentiment, celui de ne pas se reconnaître, celui de ne pas réussir à trouver la cachette de son vrai « moi ». Comme si un sens interdit avait été placardé à l’entrée de ma conscience, celle-ci s’est retirée au fond de moi afin d’hiberner. D’un coup d’épaule, il me faudrait faire voler en éclats cette porte qui m’occulte de moi-même.

Les rares émanations qui me reviennent sont à la limite de la caricature du roman policier : un jeune garnement de la finance en fuite, épaulé par un protecteur « dératiseur », énigmatique et terriblement efficace, des partenaires et/ou ennemis puissants lâchant aux basques du fuyard un duo de tueurs malfaisants finalement neutralisés. Un vrai festival spinalien du mauvais polar, de ceux qui polluent les étagères des librairies de gares, banalisant ainsi une littérature « noire » en mal de lettres de noblesse. On devine leurs auteurs coupable de médiocrité, en mal d’inspiration et en besoin urgent de rentrées financières. Et que dire de la suite qui se dérobe encore ? En route vers le sud de la France, je sombre (drogué par la barre de céréale ?) dans un sommeil lourd pour me réveiller à l’abri des étoiles sous une lointaine latitude.

Je reste indécis quant aux actions à mener dorénavant. Ces deux jours déjà passés sur cette île ne m’ont permis de découvrir que peu de choses. Quelques débris du bateau échoué non loin de là commencent à s’échapper des rochers. Certains viennent s’échouer sur le sable, d’autres préfèrent traîner au large. Rien de significatif. Que faire ? Quitter ce lieu aux décors paradisiaques ? Et si je le voulais, comment repartir ? Il me faudrait certainement beaucoup de temps afin de préparer ce voyage. Et, au train où vont les choses, finalement rien ne presse. Je ne me suis pas installé de mon propre gré dans cet « isoloir » de l’autre côté de la planète mais les conditions de subsistance pourraient être plus difficiles. D’ailleurs, ma présence ici n’est-elle vraiment que le fruit du hasard ? Je ne sais pas si c’est le fruit de mon imagination mise à rude épreuve ou cette mise en quarantaine forcée, mais j’ai de drôle de sensations. Me sentant parfois observé, j’ai le sentiment bizarre que quelqu’un ou quelque chose veille sur moi. Ne vaudrait-il pas mieux retourner sur l’épave pour enquêter ?

Le soleil est en train de poindre de l’autre côté, on peut sentir la chaleur naître depuis le cœur de l’île. Le ciel fait son ménage se débarrassant des nuages de la nuit à coups de rayon et se pare graduellement du bleu léger des débuts de journée équatoriale. Spectateur privilégié, j’ai su apprivoiser cet instant au caractère magique riche de douceur et de tendresse. Ce matin, les oiseaux ne chantent pas, la forêt alentour semble retenir son souffle. Je décide de m’éloigner du rivage et d’aller voir de plus près cette plaine qui semble se trouver non loin de mon refuge. Je me dirige désormais vers l’Est, cap vers le soleil naissant. Je progresse lentement à travers une bande épaisse de végétation. Malgré le décor luxuriant et un relief qui s’élève rapidement, je devine à ma droite, le Sud donc, les falaises et rochers qui retiennent le bateau à la coque fracassée. Le paysage s’ouvre lentement en une large clairière. Inexplicablement tendu, j’observe la nature diverse et spectaculaire du lieu. Bien que ces terres sont en apparence totalement vierges, le curieux pressentiment d’une présence me saisit à nouveau. Je scrute avec plus d’attention les environs… sans succès. Je secoue lentement la tête. C’est à cet instant de relâchement que mes yeux rencontrent alors l’improbable. Stupéfait, mon coeur bondit dans la poitrine. Là, à quelques mètres de moi, je la distingue dans la terre meuble et encore humide de fraîcheur… Bien que l’on (ON ?) a tenté négligemment de l’effacer, je distingue une trace dans le sol. Chancelant sous l’émotion, je décide de poursuivre dans la direction qu’elle semble indiquer. Un peu plus loin, je découvre une autre trace… et encore une autre, plus proche. Cette fois-ci, le doute s’envole. Il s’agit bien d’empreintes de pas…

Je ne suis pas SEUL.

 

Coincoins suspendus !

 

Ici, la suite … Brûler les traces

 

 

Ce texte n’est pas libre de droits.

:-)

 

 

 

 

48 réflexions sur « Mis entre parenthèses »

  1. Ping : Bleu du bonheur | Désir d'histoires

  2. j’ai toujours pas était payé pour mon intervention de la semaine précédente…et bientôt le tiers provisionnel…je te souhaites bonne continuattion, tu n’y es pour rien.
    wens Articles récents..Débâcle.My Profile

    • C’est exactement cela ! Je vois qu’en plus de ton talent d’écrivaine tu bénéficie d’une perspicacité hors normes. Il s’agit bien d’un égarement. Il me faut retrouver la piste (le fil) de l’histoire !
      Coincoins naufragés
      Angel Articles récents..Mis entre parenthèsesMy Profile

  3. T’es arrivé à Kho Lanta ? Fais gaffe parce que c’est une bande d’intrigants peu intéressants. (Je ne vais pas me faire que des amis). 😀
    Dans les polars de gare il y en a des biens surtout lorsqu’on ne leur demandent que de faire passer un moment.
    Tu nous racontes une longue histoire dont nous attendrons la suite encore…Tu as encore la semaine pour y réfléchir.
    À bientôt.
    😀 😀 ( http://www.coincoinclub.com/img/coincoin.gif)
    Jean-Charles Articles récents..200ème billetMy Profile

  4. Cher Robinson
    je crois que si l’on se rencontrait sur cet étrange ilot isoloir nous pourrions utilement envisager une lecture de Jung pour tenter de savoir où se trouve le moi!
    Belle fin de dimanche!

  5. A bientôt….pour connaitre la suite, pour savoir à qui sont les empreintes (ben ouais il faut forcément une suite, il ne fallait pas nous allécher 😛 )

    Bibis du lundi soir !

  6. Que d’imagination dans tes récits!!! Tu nous tiens bien en haleine hihi!!!
    J’adore ces défis , c’est une belle ouverture d’esprit !!! Pour ma part je me régale tant de m’ exécuter que de lire chez les autres!!!
    Aussi voici le mien…
    http://dimdamdom59.over-blog.com/article-des-mots-une-histoire-pour-olivia-billington-n-61-nain-porte-quoi-103967318.html
    Voilà je te souhaite une douce soirée.
    Bisous
    Domi.
    dimdamdom59 Articles récents..Des mots, une histoire pour Olivia Billington!!!N°61 Nain porte quoi!!!My Profile

  7. Ping : Brûler les traces | elcanard@ne

  8. Ping : « Baisse la tête, je vais… » | elcanard@ne

  9. Il a tourné tout autour de son île et se retrouve à son point de depart ? Il observe ses propres traces sans se rendre compte que ce sont les siennes ? La solitude l’a rendu fou ! Ou alors c’est la barre de cereales droguée !
    Bon l avantage de revenir de vacances est que je vais pouvoir avoir la suite immédiatement 🙂
    Bonne journée

  10. Ping : Prisonnier des eaux | elcanard@ne

  11. Ping : Double dose | elcanard@ne

  12. Ping : Courte transition | elcanard@ne

  13. Ping : Entre deux eaux | elcanard@ne

  14. Ping : Refaire surface | elcanard@ne

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